Le silence pesant d’une salle d’audience suspendue à un verdict. Ce 17 octobre 2025, après quatre semaines d’audiences tendues et d’attente fébrile, la justice a tranché : Cédric Jubillar est reconnu coupable du meurtre de son épouse Delphine et condamné à trente ans de réclusion criminelle.
Dans la cour d’assises du Tarn, la tension était palpable lorsque le jury a fait son entrée pour rendre son verdict. Sept voix contre neuf ont suffi pour condamner Cédric Jubillar, au terme d’un procès éprouvant marqué par les larmes, les contradictions et les silences. L’accusé, impassible, n’a laissé transparaître aucune émotion. Ses proches, eux, n’ont pu contenir leur bouleversement : un membre de la famille a même fait un malaise au moment de l’annonce.
Durant les longues heures de délibération, le silence régnait, presque sacré. Les jurés, isolés pour trancher, devaient répondre à une seule question : « Est-il coupable d’avoir, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, donné volontairement la mort à Delphine Aussaguel, son épouse ? » Une phrase terrible, prononcée dans une salle où chaque souffle semblait peser le poids de la vérité.
Les dernières paroles d’un homme au bord du gouffre
Avant que les jurés ne se retirent, Cédric Jubillar a pris la parole une ultime fois : « Je tiens à dire que je n’ai absolument rien fait à Delphine. » Un dernier plaidoyer, presque mécanique, face à une cour déjà lassée par quatre ans de dénégations.
Pour la partie civile, ces mots résonnent comme un énième refus de vérité. Me Laurent De Caunes, représentant les proches de Delphine, a fustigé « un homme indifférent, fermé, sans empathie ». L’accusation, s’appuyant sur un faisceau d’indices jugé “têtu”, a rappelé que « Delphine était chez elle le 15 au soir, et qu’au matin, elle n’était plus là. Tout s’est joué entre eux. »
La défense, elle, a tenté jusqu’au bout de semer le doute : pas de corps, pas d’aveu, pas de témoin. Mais pour les jurés, ces zones d’ombre n’ont pas suffi à effacer la conviction d’une culpabilité.
La douleur intacte des proches de Delphine
À l’énoncé du verdict, l’émotion a submergé les parties civiles. « Justice est passée. C’est un soulagement immense pour les enfants », a réagi Me Malika Chmani, avocate des fils du couple. Elle a décrit une atmosphère presque irréelle, où la tension accumulée pendant des années a soudain cédé place aux larmes.
Son confrère Me Laurent Boguet a insisté sur l’essentiel : « Les enfants ont besoin de savoir où se trouve le corps de leur mère. » Il a appelé Cédric Jubillar à « tirer les conséquences » de sa condamnation et à révéler enfin l’endroit où il aurait dissimulé la dépouille. Une attente poignante, symbole d’un deuil impossible à achever.
Un second procès déjà en vue
Malgré la gravité de la peine, le dossier Jubillar est loin d’être clos. Les avocats de la défense ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel. « Nous respectons la décision, mais nous savions qu’un second combat s’ouvrirait », a déclaré Me Alexandre Martin à la sortie du tribunal.
Ce nouveau procès, qui devrait se tenir en 2026 à Toulouse, pourrait rouvrir les débats, confronter à nouveau les versions, et peut-être enfin lever le voile sur les zones d’ombre d’une affaire devenue emblématique.
Mais d’ici là, une question demeure, suspendue comme un écho douloureux dans le prétoire du Tarn : où est Delphine ?