Le ton monte entre l’exécutif et l’opposition de droite. Alors que Yaël Braun-Pivet ouvre la porte à des hausses ciblées d’impôts pour boucler le budget 2026, Éric Ciotti, président de l’Union des droites (UDR), brandit la menace d’une motion de censure.
Au cœur de la discorde : les retraités aisés, les héritiers fortunés et l’orientation économique du gouvernement. Invité ce jeudi matin sur RMC, Éric Ciotti n’a pas mâché ses mots. Pour le député des Alpes-Maritimes, toute hausse fiscale serait un « casus belli » parlementaire :
« Si les impôts augmentent, c’est censure immédiate. »
Le patron de l’UDR fustige ce qu’il considère comme une spirale infernale de fiscalité, dans un pays déjà, selon lui, « champion du monde des impôts ». Le vrai problème n’est pas le manque de recettes, mais le niveau de dépenses publiques, martèle-t-il. Et de cibler frontalement les politiques migratoires et sociales, notamment les 2 milliards d’euros consacrés à l’Aide médicale d’État (AME) qu’il veut supprimer.
Une réponse directe aux propositions de Yaël Braun-Pivet
Cette réaction virulente intervient au lendemain des déclarations de Yaël Braun-Pivet, présidente macroniste de l’Assemblée nationale. Invitée de RTL, elle a évoqué la nécessité d’un effort collectif pour redresser les comptes publics. Parmi les pistes envisagées :
La suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions des retraités les plus aisés, une mesure qui pourrait rapporter jusqu’à 4 milliards d’euros.
Une taxation plus ambitieuse des « super-héritages », visant le 0,1 % des Français recevant plus de 13 millions d’euros d’héritage, et ne payant en moyenne que 10 % de droits de succession.
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Yaël Braun-Pivet précise qu’il ne s’agit pas de frapper aveuglément, mais de rétablir de l’équité fiscale, en épargnant les classes moyennes et les petites retraites.
Le clivage droite-exécutif se durcit
La droite, unie sous la bannière de l’UDR, voit dans cette orientation fiscale un signal alarmant. Pour Éric Ciotti, le gouvernement se trompe de cible : « On ne règle pas les déficits en punissant ceux qui ont travaillé toute leur vie ou ceux qui réussissent », assène-t-il.
La ligne du député LR devenu chef d’union des droites reste inchangée : diminution de la dépense publique, réduction du « train de vie de l’État », et mise en cause constante des coûts liés à l’immigration et à l’assistanat. Une stratégie offensive, qui laisse entrevoir un automne budgétaire sous tension, alors que le gouvernement s’apprête à présenter un budget 2026 sous contraintes européennes.
Une possible recomposition autour de la fiscalité
Derrière ce bras de fer se joue aussi une recomposition politique plus large. Le RN et l’UDR dénoncent de concert une politique fiscale injuste, et pourraient à terme converger vers un front parlementaire anti-hausse d’impôts. À gauche, en revanche, des voix s’élèvent pour défendre la contribution des plus fortunés, considérée comme un levier de justice sociale.
Quant au gouvernement, il marche sur une ligne de crête, cherchant à rassurer Bruxelles sur sa trajectoire budgétaire, sans s’aliéner les électeurs à quelques mois d’échéances majeures. Yaël Braun-Pivet incarne une parole franche mais risquée, qui ouvre un débat explosif au sein même de la majorité.
Une équation fiscale à haut risque
À ce stade, le bras de fer est lancé, mais la bataille du budget ne fait que commencer. Si le gouvernement confirme certaines hausses d’impôts dans son projet de loi de finances, Éric Ciotti pourrait mettre sa menace à exécution. Et dans une Assemblée fragmentée, chaque vote pourrait faire basculer l’équilibre politique.