Il suffit d’écouter quelques notes de « Pour que tu m’aimes encore » pour voir surgir à la fois la silhouette discrète de Jean-Jacques Goldman et l’aura flamboyante de Céline Dion. Leur union artistique, née dans les années 90, a marqué au fer rouge la chanson francophone contemporaine. Et près de 30 ans plus tard, leur alchimie fascine toujours autant.
Difficile de retracer, en quelques lignes, la trajectoire de Jean-Jacques Goldman. Auteur-compositeur-interprète aussi exigeant que prolifique, il incarne depuis plus de quarante ans une figure tutélaire de la chanson française. En solo, sa discographie se compose de sept albums studio, plusieurs live et compilations — sans même évoquer ses débuts au sein du groupe Taï Phong, qu’il préfère lui-même passer sous silence.
Mais l’homme en noir est aussi et surtout le grand architecte de l’émotion pour d’autres artistes. Sa plume a nourri les plus belles partitions de Johnny Hallyday, Florent Pagny, Patricia Kaas, Marc Lavoine, Maurane ou encore Patrick Fiori. Pourtant, parmi toutes ses collaborations, une seule semble avoir défié le temps et les frontières : celle nouée avec Céline Dion.
Une rencontre déterminante pour Céline Dion
Avant de croiser la route de Jean-Jacques Goldman, Céline Dion est déjà une star. Mais leur alliance va transcender son art et lui offrir une profondeur nouvelle, celle d’une chanteuse capable d’émouvoir bien au-delà de la virtuosité vocale. Ensemble, ils signent deux albums majeurs : D’eux en 1995, puis S’il suffisait d’aimer en 1998.
Goldman écrit, compose, guide. Dion interprète, transcende, bouleverse. De cette fusion naissent des classiques immédiats : « Pour que tu m’aimes encore », « On ne change pas », « S’il suffisait d’aimer ». Plus de 30 titres qui deviendront les piliers d’un répertoire désormais mythique. Au passage, Céline Dion deviendra aussi la voix planétaire de Titanic avec « My Heart Will Go On », ancrant un peu plus les années 90 comme la décennie de son apogée artistique.
Un lien personnel, fort et discret
Au fil des ans, la complicité entre Goldman et Dion dépasse le cadre professionnel. Ils partagent une confiance rare, une admiration mutuelle, et une fidélité indéfectible. Lorsque René Angélil, mari et manager de la chanteuse, tombe gravement malade, Céline appelle Goldman. Sans hésiter.
C’est ce lien que Michael Jones, ancien membre du trio Fredericks Goldman Jones et ami proche du compositeur, a évoqué en 2024 sur le plateau de Vivement Dimanche. “C’est une des plus grandes chanteuses du monde”, a-t-il affirmé sans détour. “Chanter avec elle, c’est juste un immense plaisir.” Et de revenir avec émotion sur ces sessions d’enregistrement inoubliables, où la magie opérait presque instantanément entre la voix de Céline et la plume de Jean-Jacques.
Une empreinte indélébile sur la culture musicale francophone
Avec seulement deux albums, leur collaboration a suffi à redéfinir les contours de la chanson francophone moderne. L’écriture épurée, sensible, parfois mélancolique de Goldman a trouvé en Céline Dion une interprète capable de porter ses mots jusqu’à l’âme de millions d’auditeurs.
Encore aujourd’hui, des décennies plus tard, ces morceaux continuent de résonner dans les radios, les cérémonies, les souvenirs. Ils incarnent une époque, mais surtout un idéal artistique, celui de la sincérité absolue. Ce n’est donc pas un hasard si, en 2025, il reste impossible d’évoquer Céline Dion sans penser à Jean-Jacques Goldman, et vice versa.