Anne Hidalgo pourrait bientôt écrire une nouvelle page de sa carrière politique, bien loin des rues de Paris.
Après avoir annoncé qu’elle ne se représenterait pas en 2026 à la mairie, l’édile nourrit une ambition à la hauteur de son parcours : prendre la tête du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Un projet qui s’ancre dans son engagement de longue date.
Depuis quelques semaines, la rumeur circulait dans les couloirs de l’Hôtel de Ville. Anne Hidalgo aurait confié à ses proches son vif intérêt pour le poste de haut-commissaire du HCR, l’une des plus hautes fonctions onusiennes. Ce rôle, en pleine crise migratoire mondiale, semble correspondre à la sensibilité humaniste de l’édile parisienne. « Cela coche beaucoup de cases de ses envies », glisse une source familière de ses projets. L’information, révélée par La Tribune Dimanche et confirmée par Le Parisien, est désormais publique.
Le soutien présidentiel : un appui déterminant
Cette nouvelle orientation serait appuyée par le président Emmanuel Macron lui-même, avec qui Anne Hidalgo entretient aujourd’hui une relation plus apaisée. Si les deux responsables politiques ont connu des tensions dans le passé, les préparatifs des Jeux olympiques de 2024 ont été l’occasion d’un rapprochement notable. Plusieurs événements récents, comme la remise de décoration aux bâtisseurs de Notre-Dame ou la réception du roi du Danemark, ont permis des échanges informels. À ces occasions, la maire aurait évoqué son souhait de rejoindre l’ONU, et aurait obtenu un accord de principe pour bénéficier du soutien officiel de la France.
Un engagement ancien pour la cause des réfugiés
Ce nouveau chapitre serait dans la continuité logique d’un engagement de longue date. Dès son premier mandat, Anne Hidalgo avait marqué les esprits en plaidant activement pour une meilleure prise en charge des migrants à Paris, alors que les campements s’accumulaient dans des conditions indignes. En 2015, elle convainc le gouvernement de l’époque, sous François Hollande, de soutenir la création de centres d’accueil dignes. Avec son adjointe Dominique Versini, elle initie la création de La Bulle à La Chapelle, qui a accueilli plus de 60 000 migrants en 18 mois. « Elle avait bousculé le système », se souvient un ancien conseiller municipal.
Une volonté d’agir au niveau international
Si certains avaient imaginé Anne Hidalgo s’orientant vers une ONG climatique, c’est finalement la cause des réfugiés qui semble retenir son attention dans ce virage vers l’international. Son entourage souligne que la maire de Paris a toujours cultivé cette dimension internationale, à travers ses prises de position sur le climat, mais aussi en raison du rôle mondial de la capitale. L’organisation des JO, vitrine diplomatique de premier plan, a renforcé cette fibre transnationale.
Une démission en débat à l’Hôtel de Ville
Le mandat de Filippo Grandi, actuel Haut-Commissaire, s’achève au 31 décembre 2025. Si Anne Hidalgo est élue par l’Assemblée générale de l’ONU, elle devra quitter la mairie quelques mois avant les municipales prévues en mars 2026, ce qui soulève déjà des interrogations. Trois scénarios sont envisagés : une démission anticipée, un cumul provisoire des mandats pendant trois mois, ou un report de sa prise de poste. Une source proche de la maire affirme cependant : « Je ne la vois pas du tout démissionner, elle veut aller au bout de son mandat, même si elle a déjà la tête ailleurs. »
Un successeur déjà pressenti ?
En cas de départ anticipé, le nom de Patrick Bloche circule naturellement pour prendre le relais. Premier adjoint, fidèle compagnon politique d’Anne Hidalgo depuis plus de deux décennies, il a déjà été récompensé de sa loyauté par sa nomination à ce poste après le départ d’Emmanuel Grégoire. « Il a l’expérience et la capacité, ce serait très logique », estime un proche. Mais attention, nuance un autre : ce n’est pas à la maire sortante de choisir qui lui succédera si elle part. Le ou la candidate officiellement désigné(e) pour mener la liste socialiste en 2026 devra aussi peser dans la balance. « Il ne faut pas donner l’impression aux Parisiens qu’on leur impose un maire de transition », souffle une voix prudente.