Un débat enflamme les réseaux sociaux : le salaire de Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, serait entièrement financé par les impôts des Français.

Entre affirmations approximatives et éléments vérifiés, les données de la Cour des comptes permettent d’éclairer la réalité d’un sujet sensible, où transparence budgétaire et communication politique s’entrechoquent.
Une publication sur X a récemment affirmé que Jack Lang percevait « 10 000 € par mois, payés par nous ». Si le montant exact est légèrement inférieur, la Cour des comptes confirme que sa rémunération brute mensuelle atteint 9 250 €, sans compter ses pensions de retraite. Ce chiffre est authentique, mais l’idée que cette somme proviendrait intégralement des impôts français simplifie à l’excès une réalité institutionnelle plus complexe.
Une institution largement financée par l’État français

L’Institut du monde arabe n’est pas une structure privée et repose en grande partie sur la puissance publique. Depuis 2017, il bénéficie d’une subvention annuelle de 12,35 millions d’euros versée par le ministère des Affaires étrangères, et parfois complétée par le ministère de la Culture. La majeure partie de son fonctionnement est donc bel et bien assurée par l’État, les contributions financières des pays arabes fondateurs ayant progressivement disparu au fil des décennies.
Un déséquilibre structurel souligné par la Cour des comptes
Créé en 1980 sur un principe de cofinancement à 60 % pour la France et 40 % pour les États arabes, l’IMA fonctionne aujourd’hui presque exclusivement grâce aux deniers publics français. La Cour des comptes dénonce régulièrement un « déficit structurel d’exploitation » et un modèle budgétaire déséquilibré, dans lequel les salaires – y compris celui de Jack Lang – reposent en grande partie sur les fonds publics.
Jack Lang assume pleinement sa rémunération

Interrogé sur son salaire, Jack Lang estime légitime de percevoir une telle rémunération. Il rappelle qu’il s’agit d’un montant brut et souligne qu’il serait, selon lui, « anormal que le président d’une haute institution comme celle-là soit sous-payé ». Une déclaration qui alimente les critiques, notamment dans un contexte où l’IMA peine à équilibrer ses comptes et où l’État n’a pas revalorisé sa subvention depuis plus de quinze ans.
Une ventilation des fonds difficile à établir
Si la subvention publique représente la majorité du budget, l’IMA dispose aussi de ressources propres : billetterie, expositions, mécénat, dons. Cette diversité complique la traçabilité précise de l’origine des dépenses, y compris de la rémunération de son président. Le rapport de la Cour des comptes ne permet donc pas de dire avec certitude que l’intégralité des 9 250 € provient directement des impôts des Français. L’institut n’a pas apporté de clarification supplémentaire.










