La 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger, qui recouvre notamment l’Espagne et le Portugal, est devenue le théâtre d’une bataille politique révélatrice des fractures persistantes au sein de la gauche.
Le duel annoncé du second tour entre l’insoumise Martha Peciña et la macroniste Nathalie Coggia, prévu le 12 octobre, a fait resurgir les divisions stratégiques entre les différentes sensibilités du Parti socialiste.
Au premier tour, trois candidats de gauche s’affrontaient : Martha Peciña (LFI), Guillaume Horn (PS) et Johan Chermette-Wagner (Place publique). Avec 15,8 % des voix, l’insoumise a décroché sa place au second tour, tandis que ses concurrents socialistes et alliés ont été éliminés. Le PS a rapidement annoncé son soutien à Peciña, présenté comme un choix de cohérence au sein du Nouveau Front Populaire.
Carole Delga, la voix dissidente
Mais cette ligne n’a pas fait l’unanimité. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a ouvertement pris ses distances : « Je ne soutiens pas la candidate LFI. Je suis une femme de gauche, mais j’ai des désaccords majeurs avec LFI », a-t-elle déclaré sur Sud Radio, tout en précisant qu’elle n’appuierait pas non plus la candidate macroniste. Fidèle à sa position critique envers les alliances de la gauche radicale, Delga estime que cette décision n’a pas été débattue démocratiquement au sein des instances socialistes.
Mélenchon fustige une « méthode qui détruit la gauche »
Sans surprise, les propos de Carole Delga ont provoqué la colère de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « bascule historique » et sommé Olivier Faure de clarifier la position officielle du PS. Pour les insoumis, refuser de se reporter sur une candidate de gauche au second tour équivaut à affaiblir le camp progressiste face au macronisme et à la droite. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, s’est lui aussi interrogé publiquement sur la ligne du PS.
Un Parti socialiste rappelé à sa position officielle
Le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, a tenu à éteindre la polémique en réaffirmant que la position officielle du parti était claire : soutenir Martha Peciña. Il rappelle que la Fédération des Français de l’étranger et le candidat socialiste du premier tour, Guillaume Horn, appellent également à voter pour l’insoumise. Dans un communiqué, la Fédération a souligné qu’aucun désaccord partisan ne pouvait justifier de laisser progresser les politiques de droite et d’extrême droite.
Le soutien appuyé de Guillaume Horn
Éliminé au premier tour, Guillaume Horn a lui-même appelé à voter en faveur de Peciña : « Face aux forces qui veulent démanteler la solidarité morceau par morceau, j’appelle à voter en faveur de Martha Peciña. Elle est une femme engagée que je connais et estime personnellement. » Une ironie n’a pas échappé aux observateurs : Horn avait soutenu au congrès socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, lui aussi hostile à l’union avec LFI… aux côtés de Carole Delga.