La guerre contre le tabac et ses dérivés s’intensifie. Dans son projet de loi de finances pour 2026, le gouvernement français envisage de frapper un nouveau coup fiscal : taxer les e-liquides des cigarettes électroniques. Une mesure inédite, qui pourrait redéfinir l’équilibre du marché du vapotage dès l’année prochaine.
Le projet de loi, déposé mardi à l’Assemblée nationale, marque une nouvelle étape du plan national antitabac 2023-2027. Après les hausses successives du prix des cigarettes, c’est désormais le vapotage qui se retrouve dans le viseur de Bercy.
L’article 23 du texte budgétaire propose d’instaurer une taxe spécifique sur les e-liquides, fixée entre 0,30 et 0,50 euro par flacon de 10 millilitres, selon leur taux de nicotine. Concrètement, un flacon vendu entre 4 et 7 euros verrait son prix augmenter de 30 centimes pour les liquides à faible teneur (moins de 15 mg/ml), et de 50 centimes pour les liquides plus concentrés.
Cette taxe, si elle est adoptée, entrerait en vigueur au second semestre 2026. Une décision symbolique, mais aussi stratégique : le gouvernement veut aligner la fiscalité du vapotage sur celle du tabac, tout en préparant le terrain à une régulation européenne plus stricte.
Une mesure sanitaire… et budgétaire
Officiellement, le but de cette réforme est de répondre à des “enjeux de santé publique”. Les autorités veulent décourager l’usage de la cigarette électronique chez les plus jeunes et limiter les effets de dépendance liés à la nicotine.
Mais au-delà de l’argument sanitaire, la logique budgétaire est évidente. En pleine recherche de nouvelles recettes, le ministère des Finances voit dans le vapotage un marché florissant encore peu taxé. À titre de comparaison, la Commission européenne propose de porter la taxe sur ces produits entre 1,20 et 3,60 euros le flacon de 10 ml d’ici 2028.
La France, en s’alignant progressivement, espère harmoniser sa fiscalité avec celle de ses voisins européens tout en évitant une explosion trop rapide des prix pour les consommateurs.
Vers une fiscalité différenciée selon les risques
Le texte du budget 2026 prévoit également une révision globale de la fiscalité des produits à fumer. Chaque produit – cigarette, cigare, tabac à rouler, tabac chauffé – serait taxé en fonction de sa dangerosité pour la santé.
Une manière pour l’État de justifier une taxation plus fine et plus “équitable” : plus le produit est nocif, plus il sera taxé. En pratique, cela signifie que de nouvelles hausses de prix des cigarettes et cigarillos pourraient intervenir dès 2026. Même les bâtonnets de tabac chauffé, souvent perçus comme une alternative “plus propre”, verront leurs taxes légèrement augmenter.