Plus de dix ans après le suicide de Krisztina Rády, la justice française décide de rouvrir le dossier. À la clé : des témoignages inédits, restés jusqu’ici dans l’ombre, qui pourraient bouleverser l’affaire Cantat et relancer le débat autour d’un homme déjà lourdement marqué par le passé.
C’est un tournant inattendu dans une affaire que l’on pensait définitivement close. Quinze ans après le drame, la mort de Krisztina Rády fait à nouveau l’objet d’une enquête judiciaire. Le parquet de Bordeaux a décidé d’ouvrir une procédure pour « violences volontaires par conjoint ou concubin » visant directement Bertrand Cantat. Une décision qui intervient à la suite de la diffusion de la série documentaire De Rockstar à tueur : le cas Cantat, disponible sur Netflix depuis mars 2025.
Au cœur de cette relance : des éléments que la série ne dévoile pas à l’écran, mais que ses auteurs affirment avoir remis à la justice. C’est notamment le cas de la journaliste Anne-Sophie Jahn, co-réalisatrice du programme et spécialiste du dossier Cantat. Invitée de franceinfo ce 24 juillet, elle évoque des témoignages accablants, collectés au fil de quatre années d’enquête, et volontairement écartés du montage pour préserver l’anonymat des sources.
Des révélations glaçantes sur le comportement de Bertrand Cantat
Selon Anne-Sophie Jahn, plusieurs témoignages « troublants, précis et détaillés » décriraient des violences présumées subies par Krisztina Rády avant sa mort. Ces confidences, inédites jusqu’alors, ouvriraient la voie à une requalification du dossier, autrefois considéré comme un suicide sans responsabilité extérieure.
Des éléments d’autant plus graves qu’ils viennent compléter une histoire déjà marquée par la tragédie. Condamné en 2003 pour les coups ayant entraîné la mort de l’actrice Marie Trintignant, Bertrand Cantat avait purgé une peine de huit ans, dont quatre fermes. À sa sortie de prison, il avait retrouvé le domicile familial et repris la cohabitation avec Krisztina Rády, mère de ses deux enfants.
C’est en janvier 2010 que celle-ci est retrouvée pendue à son domicile. À l’époque, plusieurs enquêtes sont ouvertes, mais toutes classées sans suite, en l’absence de preuves directes de violences. Jusqu’à aujourd’hui.
Un passé lourd, un présent incertain
La réouverture de l’affaire ne constitue pas une mise en cause définitive de l’ancien chanteur de Noir Désir, mais elle relance de profondes interrogations. Pourquoi les précédentes procédures ont-elles échoué à établir les faits aujourd’hui soupçonnés ? Ces témoignages auraient-ils pu faire la différence à l’époque ? Que révèlent-ils sur l’atmosphère du couple après la sortie de prison de Bertrand Cantat ?
Ce nouveau rebondissement relance aussi le débat public sur la place de Bertrand Cantat dans l’espace médiatique et culturel. Longtemps persona non grata, il avait tenté un retour sur scène en 2017, déclenchant une vague d’indignation. Cette nouvelle enquête pourrait marquer un point de non-retour dans l’opinion.
Le poids des silences et des secrets
Plus que jamais, cette affaire cristallise les tensions entre justice, mémoire et médiatisation. La série documentaire, en refusant de montrer certains documents mais en les signalant à la justice, illustre la difficulté à traiter des sujets mêlant notoriété, vie privée et drames intimes.
Si les nouvelles investigations venaient à établir un lien entre le comportement de Bertrand Cantat et le suicide de Krisztina Rády, cela constituerait un tournant judiciaire sans précédent. Pour l’heure, le parquet reste prudent, mais engagé. Les enquêteurs devront désormais faire la lumière sur ces zones d’ombre restées, trop longtemps, dans le silence.