La question du travail du sexe revient sur le devant de la scène politique à travers une prise de position qui tranche avec le cadre légal actuel.

En évoquant la possibilité de structures encadrées et sécurisées, Jordan Bardella assume un discours qui mêle sécurité publique, conditions de vie et remise en cause d’un dispositif jugé inefficace par son camp.
L’idée n’est pas née d’une improvisation médiatique, mais d’une proposition formulée en début de semaine par le député RN Jean-Philippe Tanguy. Interrogé sur le sujet dans l’émission Quelle Époque !, Jordan Bardella a pris soin de préciser que ce débat ne pouvait être réduit à une simple question morale. Selon lui, il s’agit avant tout d’un enjeu concret de sécurité publique et de protection des personnes concernées, face à une réalité sociale qui perdure malgré les interdictions en vigueur.
Des lieux encadrés plutôt que la clandestinité
Jordan Bardella a défendu l’idée de structures fermées et contrôlées, estimant qu’elles offriraient des conditions bien plus sûres que celles observées aujourd’hui dans certains espaces informels. « Je pense que des lieux clos, c’est toujours mieux que des taudis dans le Bois de Boulogne », a-t-il déclaré, soulignant les risques sanitaires et sécuritaires liés à la prostitution clandestine. À ses yeux, l’absence d’encadrement expose davantage les personnes à la violence, à l’exploitation et à l’insalubrité.
Le modèle des coopératives de travailleurs du sexe
La proposition défendue par le député RN repose sur la création de coopératives, gérées directement par les travailleurs et travailleuses du sexe. L’objectif affiché est de limiter les phénomènes d’exploitation tout en reconnaissant l’existence d’une activité qui, selon ses promoteurs, ne disparaît pas sous l’effet des interdictions. Jordan Bardella a insisté sur le fait que ces lieux « sécurisés » permettraient un meilleur suivi sanitaire, des conditions de travail plus dignes et une réduction des risques liés à l’exercice dans la rue ou dans des logements précaires.

Une remise en cause de la loi de 2016
Cette position marque une rupture nette avec le cadre légal actuel, notamment la loi de 2016 qui pénalise les clients de services sexuels. Pour le président du RN, cette législation n’a pas produit les effets attendus. Il dénonce une forme « d’hypocrisie » autour d’un sujet que la société préfère, selon lui, ignorer plutôt que réguler. « On ne peut pas dire que le bilan ait été extrêmement positif », a-t-il affirmé, estimant que la répression n’a fait que déplacer le problème sans améliorer la situation des personnes concernées.
Sécurité, santé et conditions de vie au cœur du raisonnement
Jordan Bardella insiste sur une approche pragmatique, affirmant qu’il ne s’agit pas de rouvrir des maisons closes au sens historique du terme. Il plaide plutôt pour une réflexion globale sur l’encadrement légal et social d’un secteur existant de fait. À ses yeux, mieux vaut des structures surveillées et réglementées que des pratiques reléguées dans l’ombre, avec tous les dangers que cela implique pour la santé et la sécurité.
Un débat sociétal profondément clivant

La question de la régulation du travail du sexe demeure extrêmement sensible, tant sur le plan politique qu’associatif. Les positions divergent fortement entre ceux qui défendent une approche abolitionniste et ceux qui plaident pour un encadrement légal. La sortie de Jordan Bardella s’inscrit dans ce contexte tendu, où chaque prise de parole ravive des fractures idéologiques profondes, y compris au sein des partis politiques eux-mêmes.
Lors de la même interview, Jordan Bardella a également abordé la question de la fin de vie, réaffirmant son opposition à l’aide active à mourir. Il a reconnu que sa position diverge de l’opinion majoritaire telle que mesurée par certains sondages, mais assume ce décalage. Pour lui, la priorité doit aller au développement des soins palliatifs, qu’il considère comme la meilleure réponse pour accompagner la fin de vie sans chercher à l’abréger.










