L’affaire du chien traîné derrière une voiture à Dalhem, en Belgique, a choqué l’opinion publique, provoquant une vague de colère inédite. Mais derrière cette indignation légitime, le drame a basculé vers une spirale de violence incontrôlée, culminant avec l’incendie criminel du domicile du propriétaire. Retour sur une affaire qui interroge autant qu’elle bouleverse.
Vendredi 4 juillet, une automobiliste belge, Victoria, est témoin d’une scène glaçante : un homme roule à vive allure en traînant un berger allemand attaché à son véhicule. Malgré les klaxons répétés de la conductrice pour tenter d’arrêter l’automobiliste, celui-ci poursuit sa route pendant plusieurs kilomètres. Lorsque finalement il s’arrête, il récupère l’animal « sans vie », et le jette dans le coffre comme un vulgaire objet, selon les mots choqués de la témoin. La scène, filmée et partagée en ligne, déclenche instantanément une tempête sur les réseaux sociaux.
Une colère populaire qui vire au déchaînement
La vidéo, rapidement virale, provoque l’indignation générale. Bien que la plaque d’immatriculation ait été floutée, des internautes déterminés réussissent à identifier le propriétaire du chien et à retrouver son lieu de travail ainsi que son adresse. Des menaces de mort affluent, tandis qu’une pétition réclamant justice recueille plus de 50 000 signatures. En quelques heures, l’affaire quitte le cadre de la dénonciation légitime pour basculer dans la haine ciblée et l’appel à la vengeance.
Un incendie volontaire qui frôle le drame humain
Deux jours plus tard, dans la nuit du lundi 7 juillet, le domicile du propriétaire, situé à Oupeye, est ravagé par les flammes. L’homme, qui dormait à l’étage, a pu échapper de justesse au feu. Selon le parquet de Liège, les premiers éléments de l’enquête penchent vers un incendie volontaire, perpétré alors que l’occupant se trouvait à l’intérieur. Des graffitis comme « tueur de chien » ou « vengeance pour ton chien » ont été retrouvés sur les murs, signe d’un passage à l’acte violent nourri par une indignation transformée en haine.
La justice face à une double enquête
Deux procédures sont désormais ouvertes : l’une pour maltraitance animale, l’autre pour tentative de meurtre. L’organisation GAIA, la commune de Dalhem et la conductrice témoin ont toutes trois porté plainte. Le propriétaire, quant à lui, a été auditionné : il affirme avoir attaché son chien dans le coffre et ne pas s’être rendu compte que l’animal s’était retrouvé à l’extérieur du véhicule. Ce n’est, selon lui, que lorsqu’une conductrice lui a fait des appels de phares qu’il aurait compris l’horreur de la situation.
Entre responsabilité morale et justice expéditive
S’il est avéré que le propriétaire a négligé son chien au point de provoquer sa mort, la justice devra trancher sur la base des faits et du droit. Il encourt jusqu’à 3 ans de prison et une lourde amende, ainsi que le retrait définitif du droit de posséder un animal. Mais en parallèle, l’incendie criminel dont il a été victime pourrait coûter cher à ses auteurs : la tentative de meurtre est passible de 30 ans de réclusion.
Un climat inquiétant de justice parallèle
Pour Serge Fillot, maire de la commune, la situation a franchi un seuil critique : « On est passé d’un drame animalier à une chasse à l’homme », déplore-t-il. Il appelle à la raison : « On ne vit pas dans la jungle. » Car si la mort atroce d’un animal mérite sanction, elle ne saurait justifier la loi du talion ni l’exécution populaire. Ce drame met en lumière les dangers d’une société où l’indignation collective peut se transformer en violence incontrôlée, nourrie par les réseaux sociaux et la viralité de la colère.