Pour Amel Bent, l’obtention de la nationalité algérienne ne se limite pas à une démarche administrative.
C’est un acte profondément intime, un symbole de réconciliation avec son histoire, son père, et ses racines. Un pas fort, à la fois personnel et identitaire, pour celle qui a grandi entre deux cultures et un silence paternel. Née à Paris d’un père algérien et d’une mère marocaine, Amel Bent a grandi à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, sans la présence de son père. Une absence qui a longtemps laissé un vide, une blessure intime que la chanteuse a peu à peu appris à regarder en face. Ce manque a traversé son adolescence, son début de carrière et jusqu’à sa vie de mère. Et c’est seulement à l’âge de 40 ans, avec recul et maturité, qu’Amel Bent a décidé de faire une démarche forte : demander la nationalité de ce père longtemps distant.
Une reconnaissance officielle, et un soulagement symbolique
C’est au consulat d’Algérie, à Nanterre, qu’Amel Bent a été officiellement reconnue comme ressortissante algérienne. Une scène immortalisée dans une vidéo TikTok où l’on voit l’artiste exprimer, avec émotion et fierté, la portée de ce moment. « Ce n’est pas les papiers qui font l’amour ou la fierté », dit-elle. « Mais aujourd’hui, je suis fière d’avoir mes papiers. »
Ce geste vient clore un long parcours intérieur, une quête de réconciliation avec une partie d’elle-même qu’elle avait longtemps mise à distance. Elle remercie chaleureusement le consul pour l’avoir accompagnée dans cette démarche, et affirme avec assurance : « Je suis fière d’avoir deux maisons, et en Algérie, je me sens chez moi. »
Une chanson comme catharsis : « Merci Monsieur »
Ce chemin vers le pardon, Amel Bent l’avait déjà amorcé en musique, dans son album Vivante (2021), et plus précisément dans la chanson « Merci Monsieur », dédiée à son père. Elle y évoque la complexité du lien brisé, le mélange de colère, de douleur et de compréhension qui finit par émerger avec le temps. Ce morceau marque une étape décisive dans son évolution personnelle : « La maturité et les discussions avec les miens m’ont donné un nouveau regard sur cette partie de mon histoire », confiait-elle à Télé 7 Jours.
La maternité comme révélateur
C’est en devenant mère qu’Amel Bent a véritablement saisi l’impact de l’absence paternelle dans sa propre vie. Maman de trois enfants – Hana, Sofia et Zayn – elle a été confrontée à des émotions nouvelles, à des craintes partagées, à une vulnérabilité qu’elle a su transformer en force. La relation avec Patrick Antonelli, le père de ses enfants, a également joué un rôle-clé dans ce processus de compréhension et d’apaisement.
Lorsqu’elle revoit son père pour la première fois après des années, il ne trouve pas les mots, seulement des larmes. Une scène bouleversante, qu’Amel Bent décrit avec pudeur, marquant le poids des regrets et la fragilité des retrouvailles.
Une femme entre deux cultures, désormais réunies
Amel Bent incarne aujourd’hui cette double appartenance pleinement assumée, entre héritage maghrébin et culture française. En officialisant sa nationalité algérienne, elle ne revendique pas une origine de circonstance, mais une identité multiple, riche et complexe. Et elle le dit avec des mots simples, mais puissants : « Ce soir, je me sens chez moi avec vous, entre Algériens, entre Algériennes. »
Derrière cette démarche se cache bien plus qu’un bout de papier. C’est le sceau d’un cheminement personnel, celui d’une enfant blessée devenue femme et mère, capable de dire aujourd’hui, enfin, qu’elle est complète.