Une révélation embarrassante est venue contredire les propos tenus par François Bayrou devant la commission d’enquête parlementaire.
Un document diffusé par le collectif des victimes de l’affaire Bétharram affirme que le surveillant condamné pour violences sur mineur en 1996 figurait encore dans l’organigramme de l’établissement l’année suivante. Un nouvel élément qui relance la polémique et fragilise la version du Premier ministre.
L’affaire Bétharram, déjà marquée par des accusations de violences physiques et sexuelles dans un cadre scolaire, vient de connaître un rebondissement majeur. Le collectif des victimes a publié ce lundi un extrait de la revue interne de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram datant de l’année scolaire 1997-1998. On y découvre que le surveillant condamné pour avoir giflé un élève en 1996 occupait toujours un poste à responsabilité : celui de conseiller principal d’éducation (CPE) en charge de l’internat et des élèves d’âge moyen.
Un poste qui représente même une promotion par rapport à ses fonctions initiales. Ce document remet directement en cause les propos tenus sous serment par François Bayrou, qui avait affirmé devant les députés que ce surveillant avait été licencié peu après une inspection menée sur sa demande.
Bayrou contredit par les faits ?
François Bayrou, auditionné mercredi dernier à l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête sur les violences scolaires, avait assuré que l’homme en question avait été évincé, documents à l’appui. À l’époque des faits, entre 1993 et 1997, il occupait les fonctions de ministre de l’Éducation nationale. Il avait évoqué une inspection sur place suivie d’un renvoi, censé démontrer sa réaction rapide face aux alertes.
Mais selon Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes, « il n’a été nullement licencié comme a pu le dire le Premier ministre. » L’organisation parle aujourd’hui d’un « mensonge » prononcé sous serment, et s’interroge sur d’éventuelles tentatives de dissimulation ou de réécriture des faits.
Un débat politique qui s’intensifie
Les conséquences politiques pourraient être sérieuses. Le député Paul Vannier (La France insoumise), membre actif de la commission d’enquête, a accusé François Bayrou d’avoir « menti à l’Assemblée nationale », mettant en cause sa probité et la sincérité de son témoignage.
Cette remise en cause publique intervient alors que le gouvernement affirme vouloir renforcer la lutte contre les violences scolaires et garantir un environnement sûr pour tous les élèves. Or, l’affaire Bétharram illustre justement les failles profondes du système de protection à l’époque, et peut-être même des tentatives d’étouffement.
Les victimes exigent des comptes
Pour les victimes et leurs familles, cette révélation est une nouvelle blessure. Au-delà de l’émotion, c’est une exigence de vérité et de justice qui s’exprime. Selon le collectif, les institutions religieuses et éducatives auraient fermé les yeux trop longtemps, voire couvert certains agissements.
La présence prolongée du surveillant dans l’établissement malgré une condamnation pose une question majeure de responsabilité, tant au niveau local que ministériel. Elle interroge aussi les mécanismes de suivi et de protection des élèves dans des contextes à risque.