À Béziers, la tension autour de la laïcité se ravive une fois encore. Ce samedi après-midi, alors que Robert Ménard inaugurait sa traditionnelle crèche de Noël dans le hall de la mairie, une centaine de citoyens et plusieurs organisations ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une violation répétée de la loi de 1905.

Pour la onzième année consécutive, le débat s’est invité sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Face à la mairie, les manifestants ont affiché leur exaspération : pour eux, installer une crèche dans un bâtiment public constitue un manquement clair au principe de neutralité religieuse. Le rassemblement, organisé par la Ligue des Droits de l’Homme, la Libre Pensée 34 ainsi que plusieurs partis de gauche et syndicats, s’est tenu symboliquement à l’approche du 120ᵉ anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. Sur les pancartes, un mot revenait sans cesse : « piétinée ».
Une laïcité vécue comme bafouée

Certaines voix se sont élevées pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’un rejet des traditions religieuses, mais d’un refus de leur présence dans un lieu institutionnel. Valérie, venue manifester, explique ainsi qu’elle est catholique mais opposée à la crèche municipale : pour elle, la mairie n’est pas le lieu approprié. La présidente départementale de la Ligue des Droits de l’Homme, Sophie Mazas, partage cette indignation : elle refuse d’être confrontée à l’expression religieuse du maire lorsqu’elle se rend dans un service public, une situation qu’elle juge incompatible avec les droits fondamentaux.
L’action du Préfet remise en question
Au cœur du cortège, une question revient sans relâche : pourquoi l’État ne réagit-il pas davantage ? Les opposants rappellent que le Tribunal administratif a déjà condamné plusieurs fois la mairie de Béziers pour atteinte à la laïcité. Mais ces décisions, souvent rendues après la période des fêtes, arrivent trop tard pour empêcher la mise en scène annuelle. Sophie Mazas interpelle directement les autorités : « Que fait le Préfet ? » Une interrogation amère, exprimée après une lettre où celui-ci affirmait être garant de l’application de la loi.
Une détermination intacte malgré les précédentes condamnations

La Ligue des Droits de l’Homme affirme qu’elle continuera de saisir la justice, année après année, tant que la crèche sera installée. Elle dénonce également la célébration prochaine de la fête juive de Hanouka au sein de l’Hôtel de Ville, programmée le 15 décembre. Là encore, l’organisation voit une sélection des symboles religieux à des fins politiques, incompatible avec la neutralité que doit respecter une collectivité territoriale.










