
Une Cérémonie Officielle Au Consulat D’Algérie
La scène se déroule au consulat d’Algérie à Nanterre. Amel Bent ne cache pas son émotion. Sourire aux lèvres, la chanteuse tient enfin entre ses mains les papiers qu’elle attendait depuis des mois. L’institution algérienne a organisé une cérémonie en son honneur pour officialiser ce moment historique dans sa vie personnelle.
« Je n’avais pas la nationalité algérienne et je suis algérienne officiellement depuis quelques mois », déclare-t-elle face aux personnes présentes. Sa voix porte une fierté palpable. Les démarches, entamées il y a plusieurs mois, aboutissent enfin. Cette quête administrative cache en réalité une démarche bien plus profonde : le rapprochement avec ses racines paternelles.
L’événement prend une dimension particulière quand la vidéo de son discours circule sur les réseaux sociaux. Les images montrent une Amel Bent émue mais déterminée à partager ce moment avec sa communauté. « Et j’en suis extrêmement fière, même si c’est pas les papiers qui font ni l’amour ni la fierté. Mais aujourd’hui, je suis fière d’avoir mes papiers », confie-t-elle.
Le consul l’accompagne dans cette démarche symbolique. Pour la chanteuse née d’un père algérien, cette reconnaissance officielle marque un tournant. Au-delà de l’aspect administratif, c’est une réconciliation avec une partie de son identité qui se joue sous les projecteurs du consulat.

Le Parcours Identitaire D’Une Artiste Franco-Algérienne
Cette reconnaissance officielle prend une résonance particulière quand on connaît le parcours d’Amel Bent. Née d’un père algérien et d’une mère marocaine, elle a grandi loin de cette partie de son héritage. Ses parents se séparent quand elle n’a que trois ans, laissant la petite fille grandir principalement avec sa mère.
Le 18ᵉ arrondissement de Paris la voit naître, puis c’est à La Courneuve qu’elle passe sa jeunesse. Deux territoires français qui forgent son identité, mais qui ne comblent pas ce vide paternel. Cette absence marque profondément la future chanteuse, créant un manque qu’elle portera longtemps.
« Je suis fière d’avoir deux maisons, et d’aller en Algérie et je me sens chez moi », déclare-t-elle lors de la cérémonie. Ces mots résonnent comme une révélation tardive. L’artiste qui s’est fait connaître dans La Nouvelle Star découvre finalement ce sentiment d’appartenance qu’elle cherchait depuis l’enfance.
« Et ce soir, je me sens chez moi avec vous, entre algériens, entre algériennes », poursuit-elle face à l’assemblée émue. Cette déclaration marque un tournant dans sa quête identitaire. Malgré ses racines françaises solidement ancrées, Amel Bent n’oublie pas d’où elle vient. Cette double appartenance devient enfin une richesse plutôt qu’un questionnement.

Une Réconciliation Familiale À Travers La Musique
Cette réconciliation avec ses racines algériennes s’inscrit dans un processus plus large de guérison familiale. Car avant d’embrasser pleinement ses origines, Amel Bent a dû faire la paix avec celui qui les incarnait : son père.
En 2021, dans l’album Vivante, elle lui dédie une chanson bouleversante intitulée « Merci Monsieur ». Un titre qui marque un tournant dans leur relation fracturée depuis l’enfance. « J’avais besoin de faire cette chanson », confie-t-elle alors. La maturité et les discussions avec les siens lui donnent un nouveau regard sur cette partie douloureuse de son histoire.
Devenir maman change tout. Vivre avec Patrick Antonelli, observer ses propres craintes, ses maladresses de père… Cette expérience transforme sa vision. La femme blessée laisse place à l’adulte qui comprend. « Monsieur est un mot important, pour moi, ça veut dire : « Papa t’es un grand » », explique-t-elle.
Les mots qui suivent résonnent comme une libération : « Je ne te vois plus comme quelqu’un qui a failli à son devoir. Je ne t’en veux pas ». Cette déclaration publique sonne comme un pardon définitif. La chanteuse qui obtient aujourd’hui ses papiers algériens honore aussi la mémoire de cet homme qui lui a transmis cette partie d’elle-même.
La boucle se referme. L’héritage paternel n’est plus une blessure mais un cadeau.

Une Année 2025 Marquée Par Les Nouveaux Projets
Cette réconciliation personnelle coïncide avec un retour artistique éclatant. Après avoir annoncé en 2023 une pause pour se consacrer à ses enfants, Amel Bent revient en force sur la scène française.
Le 16 mai dernier, elle dévoile « Minuit une », son nouvel album. Quatre ans après Vivante, la chanteuse livre ses vérités les plus intimes. Cette fois, elle aborde un sujet qui touche des millions de femmes : la charge mentale. Ces mères qui cumulent les rôles, jonglent entre carrière et famille, portent tout sur leurs épaules.
« L’album parle de nous, les femmes d’aujourd’hui », confie-t-elle. La voix qui chantait autrefois l’amour déçu explore désormais les réalités du quotidien féminin. Un virage assumé vers plus d’authenticité.
Cette année intense la mène aussi sur la Croisette. Au festival de Cannes, elle présente « Ma frère », confirmant sa volonté de diversifier ses projets. L’artiste ne se contente plus de la musique, elle investit le cinéma.
Entre le consulat d’Algérie et les plateaux de tournage, entre ses racines retrouvées et ses nouveaux défis artistiques, Amel Bent écrit un nouveau chapitre. À 40 ans, elle assume pleinement qui elle est : une femme, une mère, une artiste franco-algérienne qui n’a plus rien à prouver.