Dans une salle d’audience chargée d’émotion, le silence s’est imposé ce lundi 13 octobre à Albi. La présidente de la cour d’assises a lu la lettre bouleversante d’un enfant de 11 ans, Louis, le fils de Delphine et Cédric Jubillar. Ces mots tremblés, rédigés sur une feuille d’écolier, ont profondément marqué le tribunal.
Initialement, le jeune garçon avait exprimé son souhait de venir témoigner lui-même, mais ses avocats ont jugé qu’une…
Dans une salle d’audience chargée d’émotion, le silence s’est imposé ce lundi 13 octobre à Albi. La présidente de la cour d’assises a lu la lettre bouleversante d’un enfant de 11 ans, Louis, le fils de Delphine et Cédric Jubillar. Ces mots tremblés, rédigés sur une feuille d’écolier, ont profondément marqué le tribunal.
Initialement, le jeune garçon avait exprimé son souhait de venir témoigner lui-même, mais ses avocats ont jugé qu’une telle épreuve serait insurmontable pour un enfant de son âge. Louis a donc choisi de confier sa vérité à une lettre de trois pages, écrite de sa main. Lue à voix haute par la présidente, elle raconte son quotidien auprès de son père et les heures sombres précédant la disparition de sa mère.
Les violences d’un père selon le témoignage de l’enfant
Dès les premières lignes, Louis évoque les humiliations et les punitions qu’il aurait subies. Il raconte que son père, qu’il appelle « Cédric », le forçait à s’agenouiller les mains sur la tête, parfois sur des Lego, lorsqu’il faisait une bêtise. Il évoque aussi des fessées infligées après lui avoir ordonné de baisser son pantalon, ainsi que des insultes répétées : « petit con », « gros con ». Ces mots simples mais précis décrivent une relation marquée par la peur et la douleur.
Le souvenir glaçant de la nuit du drame
Le récit de Louis se fait plus lourd encore lorsqu’il aborde la nuit du 15 décembre 2020, celle de la disparition de Delphine Jubillar. Dans sa lettre, il explique qu’il regardait l’émission La France a un incroyable talent aux côtés de sa mère, assise sur le canapé avec ses lunettes. Il se souvient s’être endormi avant la fin du programme, puis avoir été réveillé par une dispute : « J’ai entendu Cédric ouvrir la porte de sa chambre pour rejoindre maman dans le salon. Ils se disputaient. Pour qu’ils arrêtent, j’ai jeté un Lego dans le couloir. Cédric est venu me voir, je faisais semblant de dormir, et après, je me suis rendormi pour de vrai. »
Après la disparition, un silence et une absence
Dans la suite de sa lettre, le garçon décrit les jours qui ont suivi le drame. Il raconte le déménagement chez ses grands-parents maternels, où il a trouvé un semblant de réconfort : « C’est mamie qui s’est occupée d’Elyah et de moi. Cédric ne s’est pas occupé de nous. C’était dur. » Ces mots, d’une sincérité désarmante, laissent entrevoir l’isolement d’un enfant confronté à un vide immense.
Lorsque la présidente a terminé la lecture, Cédric Jubillar est resté impassible. Ni larme, ni réaction. Seulement ces quelques mots : « C’est triste. » Cette froideur a frappé l’audience, alors même que la voix de l’enfant semblait encore flotter dans la salle. Me Chmani, l’avocate des enfants, a confié que Louis reste marqué par ces années : « Spontanément, lorsqu’on lui dit qu’il est puni, il se met à genoux. Ce n’est pas normal. »