Quand j’étais encore enfant, ma mère n’était jamais à la maison, je restais seul pendant des heures interminables et je la déteste pour ça ! Elle partait tôt le matin, je n’avais pas le droit à mon petit déjeuner comme tous les autres enfants, je n’avais personne pour me conduire à l’école, je n’avais personne pour s’occuper de moi. Elle rentrait toujours très tard le soir, exténuée et fatiguée. Elle n’avait envie de parler à personne et ne voulait même pas entendre ma voix tellement elle avait mal à la tête.
Mais ce que je détestais le plus chez elle, c’est quand elle commençait à jouer son rôle de maman et m’interdisait de manger des sucreries, d’inviter mes copains ou de regarder des films d’horreur. Il lui arrivait même de m’obliger à faire le ménage, à ranger ma chambre et à mettre mon linge sale dans la machine à laver. Je priais pour qu’elle tarde encore plus au travail ou qu’elle dort toute la journée si c’est le dimanche pour que je puisse faire tout ce que je veux quand je veux.
Je voulais jouer avec mes copains, me balader dans le quartier, regarder des films d’horreur, manger des bonbons et des chips, ne pas faire mes devoirs comme tous mes amis. Mais ma mère ne me laissait jamais tranquille, elle était trop chiante !
Il fallait que je sois organisé et que tout soit en ordre et moi, je ne supportais pas ça. Je la détestais du plus profond de moi, elle était trop stricte avec moi. J’enviais mes copains d’avoir les mamans les plus parfaites au monde. Chaque jour avant de dormir, je me disais que quand je serai plus grand, je la ferai souffrir et elle payera le double de ce que j’ai vécu avec elle !
Je ne voulais plus dépendre d’elle, alors je me suis…
Je ne voulais plus dépendre d’elle, alors je me suis concentré sur mes études, j’ai eu de très bonnes notes, ce qui m’a permis d’intégrer la meilleure école de commerce de la capitale, bien loin de chez moi.
Mon rêve est enfin devenu réalité, j’allais enfin pouvoir respirer de l’air frais loin d’elle ! J’ai fais mes valise et j’ai quitté la maison sans lui dire au revoir. Elle ne savait rien de moi puisque je ne lui disais rien du tout et ça me convenait parfaitement ! Pourtant, j’avoue qu’elle ne m’a pas oublié, elle continuait de déposer de l’argent sur mon compte bancaire, mais je ne voulais pas entendre sa voix. Alors, je ne l’ai jamais remercié pour ça.
Des années plus tard, j’ai trouvé du travail, j’ai rencontré une femme et j’ai eu un enfant avec elle. J’étais heureux, très heureux !
Ma mère n’était plus qu’un mauvais souvenir.
Sauf qu’un jour, j’ai reçu un appel me disant que ma mère n’avait plus pour longtemps et que son état était critique. Je suis allé la voir, je ne sais pas encore pourquoi mais je suis allé la voir.
En arrivant, j’ai rencontré quelques anciens camarades et on a décidé de prendre un café ensemble pour parler du « beau vieux temps ». Certains n’avaient pas pu terminer leurs études, d’autres étaient au chômage. En me voyant, ils m’ont dit que j’étais le seul à avoir réussi sa vie et que je pouvais bien remercier ma mère pour ça !
C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte de…
C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte de ma grosse connerie. Ma mère faisait pour que j’aie une vie meilleure que les autres, que je puisse m’en sortir et que je ne souffre pas comme elle. J’ai tout laissé et je suis allé la voir. Dès que je suis rentrée dans sa chambre, elle n’a pas pu se retenir et s’est mise à pleurer de joie.
Je l’ai prise dans mes bras et j’ai demandé pardon pour toutes ces années passées. Pardon parce que j’étais ingrat, insoucieux et égoïste. Pardon pour tout ce temps perdu en vain.
Je l’ai également remercié pour son éducation, ses efforts, son temps et son argent.
Ma mère m’a dit : « C’est du passé, je suis heureuse de te revoir mon fils et je suis si fière de toi ! »
Je me suis assuré qu’elle soit transférée dans le meilleur hôpital de la capitale, j’ai pris soin d’elle, j’ai payé toutes les opérations.
Aujourd’hui elle va bien, je l’ai présenté à ma femme, à mon enfant et à tous mes amis. Nous vivons dans une seule maison, en famille et je suis tellement reconnaissant d’avoir eu le temps de corriger mes erreurs car d’autres n’ont pas eu cette chance.