Un échange tendu a fait basculer l’ambiance à l’Assemblée nationale ce jeudi 26 juin, lorsqu’une accusation personnelle d’un député écologiste à l’encontre d’Éric Ciotti a provoqué un choc émotionnel et une vive polémique dans l’hémicycle.
L’incident est survenu alors que les députés débattaient d’un projet de loi controversé porté par Éric Ciotti, président de l’UDR, visant à interdire l’exécution provisoire des peines d’inéligibilité. Alors que les échanges étaient déjà houleux, le député écologiste Emmanuel Duplessy a lancé une charge personnelle inattendue, évoquant la situation médicale de la mère d’Éric Ciotti, hospitalisée selon lui depuis 18 ans dans un service normalement réservé aux soins de courte durée.
« Coût estimé pour la Sécurité sociale ? 500.000 euros. Mais ce n’est pas grave, c’est Nicolas qui paie », a-t-il lâché avec un sarcasme glaçant, faisant référence à une expression cynique popularisée sur les réseaux sociaux.
Des huées immédiates ont fusé de toutes parts de l’hémicycle. Plusieurs élus, y compris ceux de la majorité, ont exprimé leur malaise face à cette attaque jugée déplacée et indigne, visant un aspect profondément privé et humain de la vie d’un élu.
Éric Ciotti, submergé par l’émotion
Face à cette attaque frontale, Éric Ciotti a réagi avec force, mais aussi une rare émotion. Visiblement ébranlé, il a pris la parole pour expliquer la situation de sa mère : « Ma mère est tétraplégique depuis 24 ans, elle a subi un AVC, elle est sur un lit de souffrance, nourrie artificiellement, sous respirateur… Et vous osez remettre en question son droit à être hospitalisée ? »
Puis, dans un cri du cœur, le député niçois a lancé : « Qu’est-ce qu’il faut faire ? L’éliminer ? C’est ce que vous demandez ? C’est honteux, c’est indigne. Vous êtes dépourvu de toute humanité. » Ces mots, chargés de détresse et de colère, ont déclenché des applaudissements nourris dans les rangs de l’opposition comme de certains députés centristes.
Sur le réseau social X, les soutiens d’Éric Ciotti n’ont pas tardé à se manifester. Le député RN Thomas Ménagé et le jeune cadre UDR Guilhem Carayon ont salué la dignité de leur collègue et dénoncé « une attaque ignoble », « indigne d’un parlementaire », ou encore « symptomatique d’une radicalisation politique dangereuse ».
Une tension qui éclaire les fractures politiques
Cet épisode intervient dans un contexte parlementaire déjà inflammable. Alors que la majorité peine à maintenir l’ordre dans les débats, la charge personnelle lancée par Emmanuel Duplessy relance les critiques sur le climat délétère qui règne à l’Assemblée depuis plusieurs mois.
Sur le fond, la proposition de loi défendue par Éric Ciotti n’a pas été adoptée. Elle visait à empêcher l’application immédiate des peines d’inéligibilité, notamment dans les cas où un recours est déposé. L’Assemblée nationale s’est prononcée contre le texte, en maintenant la législation actuelle, jugée plus conforme au respect des décisions judiciaires.
Une ligne rouge franchie ?
Au-delà du clivage politique, la sortie d’Emmanuel Duplessy soulève une question fondamentale : jusqu’où peut-on aller dans l’argumentation politique ? Nombre de députés, y compris au sein de la gauche, ont exprimé leur malaise quant à la politisation d’une situation médicale personnelle. Si les désaccords sur la scène politique sont légitimes, le recours à des attaques ad hominem sur des sujets aussi intimes apparaît pour beaucoup comme une ligne rouge inacceptable.
À l’heure où l’Assemblée cherche à restaurer sa crédibilité, cet épisode laisse une impression amère. Une politique de plus en plus clivée, des invectives aux relents personnels, et une compassion reléguée à l’arrière-plan. Pour beaucoup d’observateurs, l’attaque contre Éric Ciotti marque un tournant dans la brutalité des échanges parlementaires.