Sur le plateau de « Quotidien », une conversation sur l’humour a viré en joute idéologique. L’invité Guillaume Meurice, souvent ciblé par Pascal Praud, a évoqué la portée politique du rire.
Swann Périssé, co-autrice avec lui, n’a pas hésité à dénoncer un humour de droite qui camoufle, selon elle, des formes de domination.
Pascal Praud dans le viseur : un humoriste prend la parole
Animateur incontournable de CNews et Europe 1, Pascal Praud est aussi un visage familier des polémiques médiatiques. Il incarne une figure assumée de la droite dans le paysage audiovisuel, souvent critique envers le service public et certains programmes concurrents. L’émission « Quotidien », animée par Yann Barthès, fait d’ailleurs partie de ses cibles récurrentes. C’est justement sur ce plateau, le jeudi 10 avril 2025, qu’un échange inattendu a opposé deux conceptions de l’humour : celle de Guillaume Meurice et celle que certains attribuent à Pascal Praud.
Guillaume Meurice, ex-chroniqueur phare de France Inter, était invité avec Swann Périssé pour présenter leur ouvrage commun. Rapidement, le ton est donné : entre ironie et critique sociale, l’humoriste a proposé une lecture du rire comme une forme de résistance au réel.
L’humour comme arme ou comme oppression ?
Interrogé sur sa vision de l’humour, Guillaume Meurice a évoqué une prise de distance salutaire face à la brutalité du monde. Pour lui, plaisanter, c’est s’autoriser à détourner la peur avec élégance : « Le réel est terrifiant, mais on lui lance une petite croix de nez », a-t-il résumé avec poésie.
Yann Barthès a alors creusé : humour de gauche, humour de droite ? Une opposition que Meurice a abordée sous l’angle du pouvoir. Il a affirmé que l’humour peut être un outil de domination, comme lorsqu’un enfant subit les moqueries dans une cour d’école. En ce sens, certaines blagues ne seraient pas seulement inoffensives : elles porteraient la marque du pouvoir et de l’exclusion.
Mais l’humour peut aussi être un rempart. « Si le dominé retourne les rieurs en sa faveur, il inverse le rapport de force », a expliqué l’auteur, insistant sur l’aspect subversif et stratégique de la répartie comique.
L’humour « révolutionnaire » selon Swann Périssé
La discussion a ensuite pris un tour plus direct lorsqu’il a été question de l’existence même d’un humour de droite. Swann Périssé, sollicitée sur le sujet, a évoqué Gaspard Proust comme exemple souvent cité, tout en se montrant prudente sur cette étiquette.
Ce qui a fait réagir, c’est sa critique frontale de certains humoristes qui se revendiquent comme des rebelles de la liberté d’expression. Elle a dénoncé une posture selon elle problématique : « Ils pensent faire de l’humour révolutionnaire en disant qu’on ne peut plus rire de tout. Mais en quoi est-ce nouveau de faire des blagues sexistes ou racistes ? »
Elle a dénoncé des attaques déguisées contre les femmes et les minorités, perpétuées sous couvert de provocation. En pointant ces dérives, Swann Périssé a voulu rappeler que certaines postures comiques ne sont pas des audaces, mais des reproductions d’un vieux modèle de domination.
Quand le rire devient un acte politique
À travers cet échange vif mais argumenté, l’émission a mis en lumière un clivage plus large : l’humour n’est pas neutre. Il peut être vecteur de remise en question, mais aussi outil de confort idéologique.
Guillaume Meurice et Swann Périssé s’inscrivent dans une tradition comique engagée, où le rire sert à questionner les normes, à renverser les certitudes. À l’opposé, une autre frange du monde humoristique revendique le droit à l’irrévérence totale, quitte à ignorer les rapports de force sociaux qu’elle contribue parfois à entretenir.
Cette confrontation entre deux visions de l’humour, cristallisée autour des figures de Pascal Praud d’un côté, et des invités de « Quotidien » de l’autre, témoigne d’un débat de société profond : à quoi sert l’humour ? À qui profite-t-il ? Et surtout, de qui se moque-t-on vraiment ?