Francis Lalanne multiplie les provocations politiques. Après ses débâcles électorales et ses sorties controversées, le chanteur refait parler de lui en recevant un cadeau personnel de Vladimir Poutine. Une nouvelle preuve de son attachement assumé à la Russie, qu’il érige désormais en contre-modèle à la France.
Depuis plusieurs années, Francis Lalanne s’est éloigné du paysage artistique pour embrasser un militantisme de plus en plus clivant. Défenseur acharné des Gilets jaunes, hostile à la vaccination pendant la pandémie, il a aussi pris position contre les institutions françaises et l’Union européenne. En 2022, il franchit un cap en appelant à voter Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, s’attirant les foudres d’une partie de son public et du monde culturel.
Mais c’est surtout en 2024 que son aventure politique prend un tournant étonnant. À la tête de la liste “France libre”, il s’allie avec Dieudonné, figure sulfureuse du conspirationnisme français. Le tandem récolte à peine 0,04 % des voix aux européennes, un échec cuisant qu’il tente de rejouer lors des législatives en Guadeloupe. Cette fois encore, les électeurs lui tournent le dos : 173 voix, soit 0,59 %, un score anecdotique pour un artiste qui fut autrefois une icône populaire.
Une admiration sans réserve pour Vladimir Poutine
Déçu par la France, Francis Lalanne regarde désormais vers l’Est, et plus précisément vers la Russie de Vladimir Poutine. Une fascination qui ne cesse de croître. En juin 2025, il est aperçu à Moscou lors des commémorations du 9 mai, qui célèbrent la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie. Ce séjour est l’occasion pour lui de faire de nouvelles déclarations polémiques : à la télévision russe, il accuse Emmanuel Macron de diriger un “régime totalitaire” et rejette toute responsabilité russe dans les tensions internationales.
Le 15 avril, sur les ondes d’Europe 1, il va encore plus loin. Il minimise les crimes imputés à la Russie en Ukraine, qualifiant la guerre de simple “litige” et remettant en question la véracité des frappes sur Soumy, où 35 civils ont pourtant péri. En 2022 déjà, il saluait les efforts de “dénazification” de Poutine, reprenant mot pour mot la rhétorique du Kremlin. Pour Lalanne, la Russie n’est pas une menace, mais un modèle de résistance face à l’Occident.
Une récompense venue de Moscou
Le mercredi 16 juillet, cette admiration prend une tournure officielle. Lors d’une rencontre avec l’ambassadeur de Russie en France, Alexey Meshkov, Francis Lalanne reçoit un cadeau inédit : un portrait de Vladimir Poutine signé de sa propre main. Trois photos sont publiées sur X (ex-Twitter), accompagnées d’un message glorifiant l’artiste français en tant que “chanteur, écrivain et figure publique”.
Sur les clichés, Lalanne apparaît ému, serrant contre lui le visage de son idole politique. Pour certains, il s’agit d’un simple geste diplomatique sans conséquence. Mais pour l’intéressé, ce cadeau est lourd de sens. Il symbolise une reconnaissance venue d’un chef d’État qu’il considère comme un “héros”. Et surtout, il officialise un alignement idéologique que l’artiste n’essaie même plus de masquer.
Une chanson de paix à contre-courant
Quelques jours avant cette rencontre, Francis Lalanne avait dévoilé un nouveau titre : Hymne à la paix. Un morceau qu’il présente comme un hommage “au peuple russe”, et à “l’amitié franco-russe”. Ce choix musical s’inscrit dans une démarche politique plus large : donner une voix artistique à ses convictions géopolitiques, quitte à provoquer.
Dans un contexte international toujours tendu, où la guerre en Ukraine continue de faire des milliers de morts, cette chanson est perçue par beaucoup comme une provocation. Pour ses détracteurs, elle témoigne d’une naïveté dangereuse, voire d’un aveuglement. Pour ses rares soutiens, elle incarne une volonté de dialogue face à l’hostilité ambiante.
Une figure désormais marginalisée
Lalanne, autrefois chanteur populaire et engagé pour des causes humanistes, semble désormais isolé sur la scène publique. Ses choix politiques l’ont éloigné d’une grande partie de ses anciens soutiens. Son admiration persistante pour la Russie de Poutine, dans un climat marqué par la guerre et les tensions diplomatiques, achève de le marginaliser.
Mais l’artiste l’assume. À ses yeux, il ne s’agit pas de provocation gratuite, mais d’une forme de “résistance” au système qu’il exècre. Entre héroïsation du Kremlin et dénonciation virulente de la République française, Francis Lalanne se forge une trajectoire singulière, celle d’un homme en rupture, pour qui l’art et la politique ne font désormais plus qu’un.