Quand la musique se fait mémoire, et la douleur, inspiration… À 42 ans, Vitaa lève le voile sur une obsession intime et glaçante : sa fascination pour les faits divers.
Un intérêt qui la tient éveillée la nuit, la pousse à comprendre le monde dans lequel grandissent ses enfants… et l’a menée jusqu’au cœur d’un drame national. “Je ne dors pas la nuit.” Ce constat, Vitaa le confie sans détour à Guillaume Pley dans le podcast Legend. Non pas que ses enfants — Liham, Adam et Noa — l’empêchent de se reposer, mais une passion troublante l’anime : celle des faits divers. Des disparitions, des crimes, des récits terribles qu’elle explore dans le détail, avec une curiosité presque viscérale. “Je suis beaucoup toutes ces histoires-là”, avoue-t-elle, sans trop savoir pourquoi.
Depuis qu’elle est devenue mère, ce penchant s’est intensifié. “Je veux savoir dans quel monde on vit”, lâche-t-elle, lucide. Et d’ajouter avec gravité : “Faut pas être naïf. Ce n’est pas un monde de bisounours.” Une manière pour l’artiste de ne pas se voiler la face, de regarder en face la brutalité de la société pour mieux la comprendre — ou s’en protéger.
L’affaire Maëlys, une blessure personnelle
Mais parmi tous les drames qui l’ont marquée, un fait divers a profondément bouleversé la chanteuse : le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, par Nordahl Lelandais en 2017. L’affaire s’est déroulée en Savoie, non loin de la région où Vitaa a grandi. Le choc est d’autant plus fort que la chanteuse se sent immédiatement “proche” de cette histoire.
Au-delà de l’émotion, un besoin d’agir. Avec son acolyte Slimane, elle décide de lui rendre hommage à travers la chanson “Maëlys”, présente sur leur album commun VersuS. Un texte poignant, empreint de douleur et de tendresse maternelle :
“Tes poupées s’ennuient sans toi / J’n’y arriverai pas / Plus rien n’a de sens ici.”
Des paroles qui traduisent la détresse d’une mère face à l’absence, l’absurde, le vide.
Une rencontre bouleversante avec la mère de Maëlys
Touchée par la démarche artistique, la mère de Maëlys a souhaité rencontrer Vitaa. De cette rencontre est née une relation sincère, tissée dans le silence du deuil et la force de la parole partagée. “Elle est venue plusieurs fois sur la tournée”, raconte Vitaa, émue. “J’ai échangé beaucoup avec elle.”
La chanteuse se dit admirative de cette femme “d’une force incroyable”, qui tente de survivre à ce que peu de parents peuvent affronter. “Un tsunami”, dit-elle. Une douleur insondable que seule la solidarité humaine peut, parfois, adoucir.
Quand la musique répare, un peu
Chez Vitaa, l’art devient un refuge et un exutoire. Sa fascination pour les faits divers n’est pas une simple curiosité morbide, mais le symptôme d’une hypersensibilité, d’un besoin de comprendre l’injustice, la cruauté, la perte. Et surtout, de les transformer en quelque chose d’utile, de juste, de réparateur.
Avec Maëlys, elle signe l’un des titres les plus personnels et déchirants de sa carrière. Un chant intime, qui dépasse la simple expression artistique pour devenir un geste d’empathie, une offrande à une mère endeuillée, une tentative de garder vivante une petite fille partie trop tôt.