La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen a relancé une polémique vieille de plus de dix ans : celle du rôle de Mediapart.
Longtemps accusé par l’ancien président d’avoir bâti l’affaire sur un document « faux », le site d’investigation défend aujourd’hui la solidité de son travail et revendique son indépendance face aux pressions politiques.
En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, Mediapart publiait une note attribuée aux services secrets libyens évoquant un accord de principe pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros. Dès sa parution, le document avait été dénoncé comme un faux par le camp Sarkozy, ouvrant une bataille judiciaire qui a marqué la vie politique et médiatique.
La justice tranche mais les débats demeurent
Lors du procès, la présidente du tribunal correctionnel de Paris a estimé que « le plus probable est que ce document soit un faux », soulignant l’absence d’éléments pour corroborer son authenticité. Toutefois, ce constat n’a pas pesé sur le jugement, qui a retenu l’association de malfaiteurs, considérant que l’ancien président avait laissé ses proches solliciter des fonds libyens.
Mediapart revendique son indépendance
Face aux nouvelles attaques de Nicolas Sarkozy, Carine Fouteau, présidente de Mediapart, a défendu auprès de l’AFP le travail de sa rédaction. « Les attaques ont été rudes, médiatiques et politiques, mais cette décision de justice consacre l’importance d’une presse indépendante des pouvoirs », a-t-elle souligné, rappelant que l’enquête publiée allait bien au-delà d’un seul document litigieux.
Une victoire judiciaire pour le média
En 2019, la Cour de cassation avait déjà donné raison au site, validant définitivement le non-lieu dans la procédure intentée par Nicolas Sarkozy. Sans confirmer l’authenticité du document, la justice avait écarté l’accusation de “faux”, renforçant la légitimité de Mediapart dans cette affaire.
Une scène symbolique à la sortie du tribunal
L’épisode a pris une tournure symbolique jeudi, lorsque Carla Bruni a arraché la bonnette d’un micro de Mediapart et l’a jetée à terre devant les caméras. Les journalistes ont réagi avec ironie, publiant une photo de l’objet intact et écrivant qu’il « va bien ». Une manière de rappeler que, malgré les attaques, le média reste debout.
Une affaire à résonance politique durable
Relaxé des faits de corruption et de financement illégal, Nicolas Sarkozy demeure néanmoins condamné pour association de malfaiteurs. Une décision historique, qui illustre le poids de l’affaire libyenne dans la mémoire politique française et qui continue d’alimenter les tensions entre l’ancien président et le média qui a révélé l’affaire.