Derrière l’icône du cinéma français se dessinait une militante radicale, prête à tout sacrifier pour une cause qu’elle jugeait supérieure à sa propre carrière.

Bien avant sa disparition, Brigitte Bardot avait méthodiquement organisé la transmission de son engagement en faveur des animaux, y consacrant une part considérable de ses biens, de son image et de ses revenus. Après avoir quitté définitivement le cinéma en 1973, Brigitte Bardot a consacré l’essentiel de son énergie à la protection des animaux. Son combat, entamé bien avant qu’il ne devienne consensuel, s’est structuré avec la création en 1986 de la Fondation Brigitte Bardot. À l’annonce de sa disparition, l’organisation a assuré que son héritage « demeure vivant » et que ses actions se poursuivront avec la même détermination, fidèle à l’esprit de sa fondatrice.
Une fondation bâtie au prix de sacrifices personnels
Pour lancer sa fondation, Brigitte Bardot n’a pas fait appel à de grandes fortunes ni à des mécènes institutionnels. Elle a d’abord compté sur elle-même, allant jusqu’à organiser une vente aux enchères très médiatisée de ses biens personnels en 1986. Bijoux, robes, objets liés à sa carrière : tout ce qui symbolisait sa vie d’actrice a été cédé pour réunir près de 3 millions de francs, une somme considérable pour l’époque.
« Peu attachée à l’argent », mais déterminée

Dans des confidences accordées à Paris Match, Brigitte Bardot expliquait être incapable de réunir seule un tel montant, reconnaissant avoir « dilapidé la majorité de ses gains de star ». L’argent n’était pas une fin en soi, mais un moyen d’agir. Elle affirmait vivre modestement, préférant voir ses ressources servir à la cause animale plutôt qu’à son confort personnel.
Des témoins marqués par son engagement
Cette vente a profondément impressionné ceux qui y ont participé. Yves Bigot, auteur d’un ouvrage consacré à l’actrice, rappelait sur BFMTV qu’elle s’était « dépouillée de tout ce qui était lié à sa carrière ». L’ancien commissaire-priseur Jacques Tajan évoquait, lui, une démarche « extraordinaire », saluant la sincérité d’une femme décidée à ne plus rien garder pour elle.
La Madrague, pierre angulaire de l’héritage
Au-delà des objets, Brigitte Bardot a également engagé son patrimoine immobilier. La Madrague, sa mythique maison de Saint-Tropez, a d’abord accueilli le siège de la fondation avant son transfert à Paris en 1989. En 1991, l’actrice a fait donation de la nue-propriété de cette villa à sa fondation, un geste décisif pour obtenir le statut de fondation reconnue d’utilité publique. La Cour des comptes évaluait alors le bien à 20 millions de francs, soit plus de 5 millions d’euros actuels après inflation.
Une assise financière pensée sur le long terme

Pour Christophe Marie, ce choix illustre la cohérence du parcours de l’actrice : « Elle est allée au bout du bout », faisant don de l’un de ses biens les plus précieux afin de garantir la pérennité financière de la fondation. Ce geste symbolique a permis de sécuriser durablement les actions menées en faveur des animaux.
D’autres donations, au service du concret
L’engagement de Brigitte Bardot ne s’est pas limité à La Madrague. Elle a multiplié les donations immobilières au fil des années. Sa résidence secondaire de Bazoches-sur-Guyonne, dans les Yvelines, estimée à 680 000 euros, a ainsi été offerte à la fondation en 2006 pour être transformée en refuge. Une autre propriété, située à Savolles en Côte-d’Or, figure également dans le patrimoine de l’organisme, acquise à l’origine pour héberger une locataire et ses nombreux chats.
Un héritage fidèle à ses idéaux
Selon la Cour des comptes, certains loyers prévus n’ont jamais été perçus, les flux financiers s’apparentant davantage à des dons qu’à une gestion patrimoniale classique. Une logique parfaitement assumée par Brigitte Bardot, pour qui la rentabilité passait après l’humain et l’animal. Jusqu’au bout, elle aura privilégié l’action concrète à l’accumulation de richesses.










