Derrière les grandes figures du pouvoir, il y a parfois des fidélités discrètes, des engagements constants et des liens tissés dans l’ombre. Valérie Pécresse, longtemps associée à Nicolas Sarkozy, revient avec franchise sur leur relation politique, faite de loyauté… mais sans illusions.
Valérie Pécresse incarne un parcours politique d’exception, forgé dans les plus grandes institutions françaises. Née à Neuilly-sur-Seine dans une famille influente, elle grandit dans un environnement cultivé et rigoureux, marqué par la foi catholique et les valeurs de la Résistance, héritées de son grand-père Louis Bertagna. Très tôt, son destin semble balisé : HEC, puis l’ENA, les couloirs de la République lui ouvrent leurs portes.
Avant même d’embrasser la vie électorale, elle fait ses armes dans les plus hautes sphères de l’État, comme conseillère à l’Élysée auprès de Jacques Chirac. Mais c’est avec Nicolas Sarkozy que sa carrière prend un véritable tournant.
Une loyauté sans faille à l’ancien président
C’est dans l’ombre du futur président que Valérie Pécresse s’affirme comme une figure incontournable de la droite républicaine. Lors de l’élection présidentielle de 2007, elle devient l’un des piliers de la majorité sarkozyste, portée par l’ambition réformatrice de son mentor.
Ministre de l’Enseignement supérieur, elle porte la très controversée loi LRU, sur l’autonomie des universités, malgré une fronde massive des étudiants. Nicolas Sarkozy, lui, salue cette réforme comme l’un des marqueurs de son début de mandat. Plus tard, elle hérite brièvement du porte-parolat du gouvernement, preuve de la confiance placée en elle au sommet de l’État.
Pourtant, derrière cette loyauté affichée, une distance subsiste. Et Pécresse ne s’en cache pas.
“Jamais dans son premier cercle” : une mise au point franche
Dans l’émission Bureau Politique diffusée en 2015, Valérie Pécresse s’exprime sans détour sur sa relation avec Nicolas Sarkozy. À la question de savoir pourquoi elle a soutenu l’ex-chef d’État pour la présidence de l’UMP malgré ses critiques à son égard, elle répond avec lucidité : “Nous avons toujours été alliés politiques. Mais je n’ai jamais fait partie de son premier cercle, ni de ses chouchoutes.”
Une déclaration qui illustre à la fois le respect mutuel et la distance stratégique entre les deux responsables politiques. Là où d’autres se seraient peut-être offusqués, Pécresse affirme une forme de neutralité bienveillante, une relation faite de pragmatisme plus que de proximité affective. Elle refuse la victimisation et assume son rôle avec hauteur.
Une figure indépendante au sein de la droite
Depuis 2015, Valérie Pécresse s’est imposée comme une femme politique à part entière, loin des arrière-cuisines du sarkozysme. Présidente de la région Île-de-France, elle a été réélue en 2021, consolidant son ancrage local tout en poursuivant son engagement national. À la tête du mouvement Soyons libres, elle tente de redéfinir une droite républicaine, moderne, et indépendante des vieilles querelles de clan.
Son emploi du temps politique est à l’image de sa détermination : surchargé. Conseillère municipale, régionale, communautaire, présidente de parti… elle mène une guerre de terrain, loin des dorures du pouvoir central.
Une posture lucide, entre fidélité et affirmation
Ce qui transparaît aujourd’hui chez Valérie Pécresse, c’est une volonté d’écrire sa propre histoire, sans renier pour autant ceux qui ont accompagné ses débuts. Si Sarkozy a été un point d’ancrage dans sa carrière, elle ne se réduit pas à cette relation. Elle le dit elle-même : “On a des relations plus simples.” En somme, ni animosité, ni vénération. Juste la reconnaissance d’un parcours commun… mais parallèle.