En pleine tourmente judiciaire pour Nicolas Sarkozy, Jordan Bardella s’est exprimé avec vigueur sur RTL ce lundi 17 juin, dénonçant une décision qu’il estime humiliante : l’exclusion de l’ancien président de la République de la Légion d’honneur. Une prise de position rare, empreinte d’un respect inattendu entre adversaires politiques.
L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre : Nicolas Sarkozy a été officiellement exclu de la Légion d’honneur, selon un arrêté publié au Journal officiel. Cette décision découle de sa condamnation définitive à un an de prison ferme dans l’affaire dite des écoutes, un dossier de corruption impliquant également son avocat, Thierry Herzog, et l’ex-magistrat Gilbert Azibert.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, ne cache pas son trouble face à cette décision. « Cette décision me choque », a-t-il confié au micro de RTL. Et d’ajouter, dans une déclaration lourde de sens : « J’ai le sentiment qu’il y a une volonté d’humilier Nicolas Sarkozy. »
Un désaccord politique, mais un respect de la fonction
Malgré de profonds désaccords avec l’ancien président, Jordan Bardella reconnaît le poids historique et politique de Nicolas Sarkozy. Il souligne que ce dernier « a combattu à plusieurs reprises et pendant plusieurs années le Rassemblement national », ce qui ne l’empêche pas de défendre aujourd’hui son honneur.
« On peut combattre politiquement quelqu’un, mais il ne faut pas oublier les services qu’il a rendus à la France », insiste Bardella. Il fait ici référence à un moment fort de la carrière de Sarkozy : son rôle lors de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly en 1993, alors qu’il était maire de la ville. À ses yeux, cette intervention, souvent saluée à l’époque, avait justifié l’attribution de la Légion d’honneur.
Une exclusion lourde de portée historique
Avec cette exclusion, Nicolas Sarkozy devient le deuxième président de la République française à se voir retirer la plus haute distinction nationale, après Philippe Pétain, déchu à la Libération pour haute trahison. Une comparaison qui ne manque pas de faire polémique, même si le contexte juridique et historique est radicalement différent.
Pour Jordan Bardella, cette mesure dépasse le simple cadre légal. Elle revêt une dimension symbolique de rejet, perçue comme une humiliation publique, dont l’utilité politique reste discutable à ses yeux. « Je ne l’ai jamais rencontré, mais j’ai du respect pour mes adversaires politiques », a-t-il souligné, adoptant un ton inhabituellement conciliant envers un ancien président de la Ve République.
Une affaire encore ouverte à Strasbourg
Malgré la décision française, l’affaire n’est pas totalement close. Nicolas Sarkozy a confirmé avoir saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), espérant y faire valoir ses droits et, peut-être, obtenir une révision de son cas au regard du droit international.
Cette démarche juridique pourrait, en cas de succès, remettre en question certains aspects de la condamnation, et avec elle, peut-être, l’exclusion de la Légion d’honneur. En attendant, l’ex-président doit faire face à cette atteinte symbolique à son honneur, que même certains de ses opposants jugent sévère.