Et si la perte d’un animal de compagnie était enfin reconnue à sa juste douleur dans le monde du travail ?
C’est le pari audacieux d’une entreprise espagnole, qui décide de prendre en compte le deuil animalier au même titre qu’un événement familial marquant. Une initiative saluée qui pourrait bien faire école. L’entreprise Patitas & Co, spécialisée dans les produits pour animaux et basée à Madrid, a mis en place un dispositif inédit en Espagne : trois jours de congé payé en cas de décès d’un animal de compagnie. L’objectif est clair : permettre aux salariés de vivre leur deuil sans devoir affronter le monde du travail dans un moment aussi douloureux. « Le deuil d’un animal est parfois pire que celui d’un proche avec qui on a peu de lien. Travailler dans ces conditions devient très difficile », confie Claudia Cañellas, fondatrice de l’entreprise, dans l’émission Tot es mou sur TV3.
Une mesure inclusive et humaine
Ce congé de compassion s’applique peu importe l’animal concerné, qu’il s’agisse d’un chien, d’un chat ou même d’un lapin ou d’un oiseau. Les 33 salariés de Patitas & Co ont salué unanimement cette décision, preuve que le lien affectif avec un animal peut être aussi puissant que celui qu’on entretient avec un être humain. Et surtout, qu’il mérite d’être reconnu institutionnellement, dans une société encore frileuse à admettre l’impact émotionnel du deuil animalier.
Une pratique encore timide mais en expansion
Si cette initiative est inédite en Espagne, elle commence à émerger ailleurs, notamment en France, même si les cas restent rares. Depuis 2024, la SPA accorde un jour de congé à ses salariés en cas de perte de leur animal, une décision pionnière dans l’Hexagone. D’autres entreprises comme Mars ou Wamiz ont également instauré des jours ou des heures de congé dédiés à l’adoption ou au décès d’un animal, selon le magazine Ça m’intéresse.
Une attente sociale forte chez les propriétaires d’animaux
Selon une enquête relayée par BFMTV en avril 2024, 88 % des propriétaires d’animaux estiment que la perte d’un chien ou d’un chat est aussi douloureuse que celle d’un proche humain. Pourtant, les entreprises et les institutions ont longtemps ignoré cette réalité, laissant les salariés gérer seuls leur chagrin dans le cadre professionnel. L’initiative madrilène remet sur la table la question du bien-être émotionnel au travail, un sujet de plus en plus central dans les politiques RH.
Vers une généralisation du deuil animalier en entreprise ?
Le geste de Patitas & Co, s’il reste isolé pour l’instant, pourrait inspirer de nombreuses entreprises en quête de modèles de management plus humains. Claudia Cañellas affirme d’ailleurs avoir été contactée par plusieurs sociétés intéressées par la mise en place d’un dispositif similaire. Preuve que le regard porté sur la relation homme-animal est en train de changer, y compris dans les sphères les plus formelles comme le monde du travail.