Alors que l’échéance présidentielle de 2027 se profile, Gabriel Attal esquisse les contours d’une nouvelle réforme des retraites, rompant avec les modèles précédents jugés inefficaces et douloureux. Il propose une refonte du système, misant sur la souplesse du départ et la rigueur de la durée de cotisation.
Pour Gabriel Attal, les multiples réformes des retraites menées ces trente dernières années ont échoué à stabiliser le système, tout en générant crispations et désillusions. Dans une interview aux Échos, puis sur Franceinfo, l’ancien Premier ministre a dénoncé un modèle devenu trop complexe, inégal et inefficace, malgré cinq modifications majeures depuis les années 1990.
Selon lui, l’obsession autour de l’âge légal de départ n’a pas porté ses fruits. Les ajustements successifs ont semé la confusion dans un paysage déjà morcelé par les régimes spéciaux et les exceptions catégorielles. « En moyenne, les Français partent à la retraite seulement six mois plus tard malgré un recul de deux ans de l’âge légal », regrette-t-il. Un effet jugé marginal au regard du coût politique et social des réformes.
Un système à bout de souffle, devenu illisible
Attal déplore une architecture administrative en « gruyère », dans laquelle chaque modification suscite de nouvelles exceptions. Ce millefeuille réglementaire ne suffit même plus à combler le déficit structurel du système, selon ses mots. Il évoque une réforme « dans la douleur », marquée par les tensions sociales, les incertitudes individuelles, et l’usure politique.
Forts de cette expérience récente – notamment lors de la réforme pilotée par Élisabeth Borne –, Attal tire un enseignement clair : il faut cesser de retoucher un modèle à bout de souffle. À ses yeux, seul un bouleversement de l’architecture globale permettrait d’avancer sereinement.
L’ambition d’un système universel
Face à cet échec répété, Gabriel Attal veut proposer un nouveau modèle de retraites pensé pour sa génération, les moins de 45 ans. Il milite pour un système « universel », fondé sur les mêmes règles pour tous les Français, sans régimes spéciaux ni passe-droits. Un projet qui n’est pas sans rappeler la tentative avortée de retraite par points d’Édouard Philippe, lorsqu’il était à Matignon.
L’idée centrale serait de supprimer l’âge légal de départ au profit d’une seule référence à la durée de cotisation. En clair, chaque individu serait libre de choisir sa date de départ, mais partirait avec une décote significative s’il n’a pas atteint la durée minimale requise. « Cette décote serait d’autant plus forte que le départ est précoce », précise-t-il.
Une variable clé : la durée de cotisation
Aujourd’hui fixée à 43 ans pour une retraite à taux plein, la durée de cotisation serait appelée à augmenter progressivement en fonction de l’espérance de vie. Une mesure assumée par Attal, qui rejette toute rigidité dans l’âge de départ mais défend la logique contributive, où le nombre d’années travaillées reste l’unique référence.
Cette évolution réintroduirait une forme d’équité intergénérationnelle, en tenant compte des transformations sociales et démographiques, sans imposer une barrière d’âge uniforme et rigide. Toutefois, l’ancien Premier ministre n’exclut pas l’éventualité d’un « âge pivot », sans en faire pour autant un critère principal.
Un levier supplémentaire : l’encouragement à la capitalisation
Autre proposition notable : le développement de la capitalisation, mais sur une base volontaire. Il ne s’agirait pas, insiste-t-il, de remplacer le système par répartition, mais de favoriser son complément par des dispositifs d’épargne retraite individuels. Pour cela, des incitations fiscales seraient mises en place afin d’encourager les Français à se constituer un capital.
L’objectif affiché est d’élargir la part de la population ayant accès à un second pilier financier pour sa retraite, renforçant ainsi la sécurité et la souplesse du système. Cette approche se veut plus incitative que coercitive, laissant à chacun le soin d’anticiper et de diversifier ses ressources futures.