Derrière les murs paisibles de Montauban, un scandale bouleverse la majorité municipale. Une élue de 76 ans, réputée pour son engagement local, a été reconnue coupable d’avoir profité de la vulnérabilité d’un homme de 98 ans. Plus de 50.000 euros lui auraient été subtilisés en cinq ans.
Le tribunal correctionnel de Montauban a condamné ce mardi Danielle Amouroux, conseillère municipale de la majorité LR-UDR, à six mois de prison avec sursis pour abus de faiblesse. Selon les juges, entre 2018 et 2023, l’élue aurait encaissé 41 chèques d’un montant total de 56.000 euros, rédigés par ou au nom d’un nonagénaire de 98 ans. La moitié de ces chèques étaient écrits de sa propre main, avant d’être déposés sur son compte personnel.
Un vieil homme trahi par la confiance
La victime, père d’un ancien conseiller municipal de Montauban chargé du handicap, connaissait bien la prévenue, avec qui il siégeait au sein de la majorité municipale. « Elle a été condamnée, c’est ce que je voulais », a déclaré le vieil homme à l’AFP, soulagé mais meurtri. « J’ai transpiré pour gagner cet argent, j’aurais préféré le donner à mon petit-fils. » Ces mots illustrent l’amertume d’un homme qui, selon son avocate, a longtemps accordé une confiance totale à l’élue.
Une adjointe respectée, désormais déchue
Danielle Amouroux, adjointe de quartier et déléguée au conseil des droits et des devoirs des familles, appartenait à l’équipe de Brigitte Barèges, figure emblématique de la droite locale. L’affaire provoque un certain embarras dans la majorité municipale, où l’on peine à croire qu’une responsable politique ait pu abuser ainsi d’un administré. La justice l’a également condamnée à rembourser l’intégralité des sommes détournées, ainsi qu’à verser 1.500 euros pour le préjudice moral subi par la victime.
Une absence remarquée lors du procès
L’élue n’était pas présente à l’audience, invoquant des raisons de santé. Mais elle a fini par reconnaître les faits, après les avoir niés en garde à vue et pendant une partie de l’enquête. Par l’intermédiaire de son avocate, elle a présenté des excuses à la victime, sans pour autant pouvoir répondre directement à ses questions. « Mon client aurait aimé qu’elle soit là, pour faire face à la réalité de ses actes », a confié Me Élodie Cipière, l’avocate du nonagénaire.
Une affaire révélée par une employée de banque
C’est en 2023 qu’une conseillère bancaire a tiré la sonnette d’alarme, alertant le parquet de Montauban après avoir trouvé l’élue « très pressante » pour être désignée bénéficiaire de l’assurance-vie du vieil homme. L’enquête qui a suivi a mis au jour une tentative de mise sous tutelle de la victime, orchestrée par la conseillère municipale. Ces éléments ont achevé de convaincre les magistrats de la manipulation dont le nonagénaire avait été victime.