Garer un camping-car sur son propre terrain semble anodin. Pourtant, si ce stationnement porte atteinte à l’intimité du voisinage, la question devient juridique. Entre droit de propriété, réglementation sur les véhicules aménagés et respect de la vie privée, voici ce que disent les textes et les solutions possibles.
Stationner sur son terrain : un droit encadré
Dans le cas présenté par Martine à L’Isle-sur-la-Sorgue, un camping-car est juridiquement assimilé à une voiture tant qu’il conserve ses roues et reste mobile. Il peut donc stationner sans limite de temps sur une propriété privée.
En revanche, les caravanes sont soumises à une limite de trois mois par an (consécutifs ou non) pour un stationnement sur un terrain privé. Au-delà, une autorisation d’urbanisme est nécessaire, car le véhicule devient assimilable à une construction. Même règle si un camping-car ou une caravane perd ses roues : il est alors considéré comme une installation fixe nécessitant un permis.
Quand l’intimité du voisin devient un enjeu
Même en étant dans votre droit pour le stationnement, votre voisin peut invoquer le trouble anormal de voisinage (article 1253 du Code civil). Pour que cette plainte aboutisse, il devra prouver concrètement la nuisance, par exemple en démontrant une atteinte manifeste et continue à son intimité.
L’article 678 du Code civil encadre également les « servitudes de vue » : il est interdit de créer une ouverture directe donnant sur la propriété voisine à moins d’1,90 mètre de distance. Cependant, un camping-car, véhicule mobile et temporaire, n’est pas considéré comme une construction permanente : l’application stricte de cet article reste discutable dans ce contexte.
Les jours dits « de souffrance » : un cas particulier
Si les fenêtres du voisin sont de simples jours de souffrance ou de tolérance — des ouvertures translucides fixes, situées à plus de 2,60 m du sol en rez-de-chaussée —, vous pouvez légalement stationner devant tant que vous ne bouchez pas intentionnellement la lumière. Ce type d’ouverture ne confère pas de droit à la vue directe et ne peut pas être utilisé pour restreindre votre usage du terrain.
Trouver une issue amiable avant le conflit
Pour éviter une procédure longue et coûteuse, tentez d’abord un dialogue direct avec votre voisin. Vous pouvez aussi saisir gratuitement un conciliateur de justice, intermédiaire neutre qui aide à trouver un compromis. Parfois, un simple ajustement de l’angle ou de l’emplacement du véhicule suffit à dissiper les tensions.