Quand l’amour affronte les rouages de l’administration, le combat devient parfois inégal. L’histoire de Danielle Perret et Fadi Laraifa, couple franco-tunisien marié en Bourgogne, met en lumière les contradictions criantes entre justice et politique migratoire.
Bien que leur union ait été validée par les tribunaux, le mari se voit aujourd’hui expulsé. Un drame humain sur fond de suspicion et de procédures implacables. Le 15 mars 2025, à Montpont-en-Bresse, Danielle Perret, une retraitée française de plus de 70 ans, épouse Fadi Laraifa, ressortissant tunisien en situation irrégulière. Le mariage, célébré dans des conditions tendues, fait l’objet de vives contestations. Certains présents à la mairie n’hésitent pas à manifester leur hostilité, soupçonnant une union de complaisance. Pourtant, après une enquête approfondie, la justice tranche : rien ne permet de remettre en cause la légalité de leur mariage. Le couple est donc reconnu officiellement et légalement uni.
Une expulsion décidée malgré tout
Mais à peine la légitimité du mariage confirmée, l’administration française décide d’ordonner l’expulsion de Fadi Laraifa, assortie d’une interdiction de retour sur le territoire pendant un an. La date est fixée : il devra quitter la France le 28 juin 2025, selon les informations du Bien Public. Une décision brutale, prise sur la base d’une suspicion persistante que ce mariage aurait pour seul but la régularisation du mari. Pour Danielle Perret, le choc est immense. Loin d’apaiser la situation, la reconnaissance judiciaire semble n’avoir eu aucun poids sur le plan administratif.
Une septuagénaire isolée et bouleversée
Dans sa maison de Montpont-en-Bresse, Danielle vit cette période dans l’angoisse. Elle dénonce un « acharnement » de l’État et redoute chaque jour un départ forcé de son compagnon. Seule, elle ne peut compter que sur le soutien à distance de sa fille, installée en Corse. Les nuits sont longues, l’anxiété permanente. À son âge, cette incertitude pèse lourdement sur sa santé physique et mentale. « On nous traite comme si notre amour était une fraude », confie-t-elle à ses proches.
Une assignation à résidence pesante
En attendant son expulsion, Fadi Laraifa est assigné à résidence. Il doit se présenter régulièrement aux autorités locales. Cette surveillance renforcée, qui repose sur une présomption administrative de fraude, vient alourdir un quotidien déjà sous tension. Le couple vit sous pression constante, sans perspective claire. Leur seule faute apparente ? Une union considérée suspecte par l’administration, malgré sa validation juridique.
Deux logiques qui s’affrontent
Cette affaire met en lumière un paradoxe croissant dans la gestion des dossiers d’immigration. D’un côté, la justice reconnaît un droit fondamental : celui de se marier librement, quel que soit le statut administratif des conjoints. De l’autre, l’administration reste en alerte contre les mariages dits « de complaisance », multipliant les contrôles et les expulsions même après validation judiciaire. Ce déséquilibre entre les deux pouvoirs alimente des injustices, et laisse des familles en souffrance.
L’amour face à la froideur bureaucratique
Le cas de Danielle et Fadi n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une série de situations où des couples mixtes doivent prouver la sincérité de leur union à des institutions souvent méfiantes. Si la lutte contre les mariages de régularisation est légitime, sa mise en œuvre peut parfois virer à l’absurde. Ici, une décision de justice est tout bonnement ignorée, au profit d’un soupçon administratif persistant. Un choix qui interroge la hiérarchie des normes et la place du droit dans l’exercice du pouvoir.