Un voyage personnel en Italie et l’usage contesté d’un véhicule de fonction : le préfet de la Haute-Loire, Yvan Cordier, se retrouve sous le feu des critiques. La CGT dénonce un manque d’exemplarité au moment où l’État prône l’austérité, tandis que l’intéressé plaide la bonne foi et reconnaît une erreur de discernement.
Au début du mois de mai, Yvan Cordier s’est rendu à Turin avec son épouse, utilisant pour l’occasion une voiture de fonction de la préfecture. Un accident survenu durant le séjour l’a ensuite conduit à solliciter un véhicule avec chauffeur afin de rentrer depuis la frontière. L’affaire, révélée par un tract syndical, a suscité la colère de la CGT, qui dénonce l’usage des moyens publics à des fins privées.
La CGT dénonce des « privilèges »
Dans son texte intitulé « Austérité pour les agents, pas pour les autorités », la CGT fustige l’attitude du préfet et plus largement celle du corps préfectoral, accusé de profiter de « résidences, véhicules et chauffeurs » pour leurs proches. Le syndicat affirme même que le fils du préfet aurait lui aussi utilisé une voiture de service, ce que confirme l’intéressé en expliquant qu’il avait sollicité ce véhicule pour pallier un empêchement professionnel. Dans un contexte de coupes budgétaires de plusieurs milliards imposées par l’État, les agents estiment ces pratiques d’autant plus choquantes.
Le préfet reconnaît une erreur de jugement
Face à la polémique, Yvan Cordier a adressé un mail d’excuses aux agents de la préfecture, évoquant un « manque de discernement ». Il affirme avoir rendu compte de la situation au ministère de l’Intérieur dès la parution du tract, et s’est engagé à rembourser les frais de rapatriement depuis Modane jusqu’au Puy-en-Velay. Pour lui, il s’agit d’une méconnaissance de la circulaire de 2010, qui n’autorise l’usage des véhicules de fonction pour des déplacements privés que dans les départements frontaliers.
« Un avantage en nature », selon le préfet
Le haut-fonctionnaire rappelle que le corps préfectoral dispose du droit d’utiliser ses véhicules de fonction pour des trajets privés, considérés comme un avantage en nature soumis à l’imposition fiscale. « Un préfet est rappelable à tout moment », insiste-t-il, défendant une utilisation qui, selon lui, ne visait pas à contourner la règle. Il appartient désormais au secrétariat général du ministère de l’Intérieur de décider d’éventuelles suites disciplinaires.
Une affaire qui fragilise l’image de l’État
Au-delà du cas personnel d’Yvan Cordier, cette affaire relance le débat sur l’exemplarité attendue des hauts fonctionnaires en période de restrictions budgétaires. La CGT entend maintenir la pression, dénonçant des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les agents, pendant que certaines autorités « se servent sans être inquiétées ». Une polémique qui illustre les tensions entre l’administration et ses représentants de terrain.