Un drame qui interroge sur le fonctionnement du service d’urgence. À 24 ans, Esteban Vermeersch est mort fin janvier 2025 après deux appels au Samu du Mans restés sans suite concrète.
Sa famille, accablée de douleur et de culpabilité, annonce porter plainte pour homicide involontaire, pointant des erreurs de régulation médicale. Le 28 janvier, vers 22h30, Esteban contacte le Centre 15. Essoufflé, incapable de se lever, il décrit une douleur thoracique irradiante et une grande faiblesse. Le médecin de garde conclut pourtant à un problème musculaire et recommande seulement la prise d’antalgiques. Dans la nuit, le jeune artisan boulanger vomit, mais sa mère, rassurée par le diagnostic, ne rappelle pas.
Une aggravation ignorée au deuxième appel
Le lendemain, inquiet face à la pâleur et aux lèvres violacées de son fils, la famille rappelle le Samu en début d’après-midi. Même réponse : un problème musculaire. Les régulateurs suggèrent simplement de se rendre aux urgences pour être “rassuré”. Mais la situation bascule : Esteban s’effondre dans les bras de sa mère, en arrêt cardiaque. Malgré 50 minutes de massage et une prise en charge hospitalière, son cerveau est trop atteint par le manque d’oxygène. Il meurt le 30 janvier au matin.
La douleur et la culpabilité d’une famille
Depuis, la mère et les deux sœurs jumelles d’Esteban vivent avec le poids de ne pas avoir insisté davantage. « On s’en veut de ne pas avoir agi plus vite », confie Dorothée. Elle se reproche de ne pas avoir été “assez claire” lors des appels. Mais pour leur avocat, la faute incombe aux régulateurs : « Un patient jeune, avec gêne respiratoire et douleurs thoraciques irradiantes, nécessitait une prise en charge urgente. Ne pas envoyer de secours constitue une erreur manifeste. »
Vers une plainte pour homicide involontaire
L’avocat de la famille, Me Vincent Sehier, confirme le dépôt imminent d’une plainte pour homicide involontaire. Après des demandes amiables restées sans réponse, il dénonce une « attitude mutique » de l’hôpital. Pour lui, au deuxième appel, le minimum était un transport médicalisé immédiat.
L’hôpital du Mans se défend
Contacté, le centre hospitalier assure avoir engagé un dialogue : une réunion de médiation en avril avec la famille, suivie d’une demande d’indemnisation transmise à la Commission de conciliation et d’indemnisation. Une “analyse contradictoire” est encore en cours pour éclaircir les circonstances exactes de la mort du jeune homme. L’établissement se dit prêt à coopérer pleinement avec la justice.
Un signal d’alarme sur les urgences
Pour Dorothée, il s’agit désormais de “tirer la sonnette d’alarme”. Elle reconnaît la pénurie de moyens et le manque de personnel, mais refuse que cela justifie la perte de son fils : « On parle de vie, là quand même. » Elle se dit déterminée à aller jusqu’au bout pour que l’hôpital reconnaisse ses erreurs. Au-delà du drame personnel, l’affaire relance le débat sur la fiabilité des services d’urgence et la sécurité des patients.