Ce qui devait être un ultime apaisement s’est transformé en cauchemar pour un couple de la Drôme.
Depuis 2019, Hajar et Guillaume avaient réservé deux emplacements au cimetière de Pierrelatte afin de reposer un jour de part et d’autre de leur fils décédé. Mais en février dernier, ils découvrent avec stupeur qu’une des concessions qu’ils avaient payées a été attribuée à un autre défunt.
En se rendant comme chaque week-end sur la tombe de leur fils, Hajar et Guillaume constatent qu’un homme repose déjà dans l’un des emplacements réservés. « C’est comme si on avait enterré notre fils une deuxième fois », confie Hajar, bouleversée. Pour le couple, cette erreur dépasse une simple question matérielle : elle réactive un traumatisme profond et brise la promesse silencieuse qu’ils s’étaient faite de rester pour toujours auprès de leur enfant.
Des explications qui peinent à convaincre
Selon la mairie, la confusion provient d’une série de dysfonctionnements : le défunt inhumé aurait dû être enterré ailleurs, mais la concession prévue pour lui était déjà occupée. Pour Hajar, cette justification est irrecevable : « Ce n’est pas une erreur. Il y avait un panneau “réservé”. On demande avant à qui est la place », proteste-t-elle.
Des solutions rejetées par la famille
Face à la situation, plusieurs pistes ont été envisagées. L’exhumation du corps déjà enterré a été immédiatement écartée par Hajar : « C’est haram chez nous, jamais je ne fais ça. Les corps n’y sont pour rien ». La municipalité a ensuite proposé un nouvel emplacement le long d’un chemin, mais la mère a refusé catégoriquement. Sa volonté reste ferme : elle veut reposer exactement à côté de son fils, et nulle part ailleurs.
Une affaire portée en justice
En juillet, la mairie a finalement attribué une autre concession au couple. Mais pour Hajar et Guillaume, le mal est fait. « Ce n’est pas la place qui me dérange. C’est le manque de respect. J’ai payé une concession qui a servi à quelqu’un d’autre », dénonce la mère, déterminée à obtenir réparation. Leur avocat a annoncé le dépôt d’un recours devant le tribunal administratif. Outre de nouveaux emplacements, le couple réclame des excuses officielles et des dommages et intérêts pour atteinte à leur dignité et à la mémoire de leur fils.
Des erreurs plus fréquentes qu’on ne l’imagine
Ce drame n’est pas isolé. Ces dernières années, d’autres familles ont vécu des confusions similaires : à Castanet-Tolosan, une concession a été attribuée à deux familles ; à Andres, dans le Pas-de-Calais, un défunt a été inhumé dans une tombe déjà réservée ; à Aulnay-sous-Bois, une famille a dû accepter une crémation après l’ouverture du mauvais caveau. Ces dysfonctionnements, rares mais lourds de conséquences, révèlent les fragilités de la gestion funéraire dans certaines communes.
Le poids d’un traumatisme irréversible
Pour les familles endeuillées, ces erreurs administratives représentent bien plus qu’un désagrément : elles viennent briser le lien sacré avec leurs proches disparus. À Pierrelatte, Hajar le répète inlassablement : « Je veux rester à côté de mon fils ». Une revendication simple, mais qui résonne comme un cri de dignité face à une blessure que ni les explications ni les procédures ne pourront totalement apaiser.