Derrière une apparente modestie, un couple issu de la communauté des gens du voyage menait une vie de luxe aux frais de la collectivité. Entre voitures haut de gamme, biens immobiliers et fraudes aux aides sociales, leur train de vie insolent a fini par attirer l’attention du fisc et de la justice.
Originaires de Parthenay (Deux-Sèvres) et de La Roche-sur-Yon (Vendée), les deux protagonistes sont désormais au centre d’une affaire de blanchiment d’argent et d’escroquerie à grande échelle, selon Le Journal du Pays Yonnais. Le couple, officiellement sans ressources, affichait pourtant un patrimoine impressionnant : un appartement à Paris, plusieurs véhicules de luxe et des investissements immobiliers conséquents.
Ce contraste flagrant a éveillé la curiosité des enquêteurs, qui ont vite compris que quelque chose ne collait pas. Derrière leur image de marchands ambulants et de famille modeste, circulaient en réalité des sommes vertigineuses.
“La vie est plus belle avec l’argent des autres”
Lors de son audition, l’homme, âgé de 49 ans, a assumé sans détour le détournement des aides sociales, lançant une phrase devenue emblématique du dossier : « La vie est plus belle avec l’argent des autres ». Ce cynisme a profondément choqué les enquêteurs.
Le mari se déclarait simple vendeur ambulant de literie, tandis que son épouse, sans emploi, se présentait comme mère au foyer. Mais les flux financiers qu’ils manipulaient racontaient une tout autre histoire : chèques, dépôts en liquide, achats immobiliers et contrats d’assurance-vie s’accumulaient sans la moindre cohérence avec leurs revenus officiels.
Des montants colossaux et une fraude bien rodée
L’enquête du fisc a permis de retracer 1 063 chèques encaissés, pour un total avoisinant 938 000 euros, dont seulement 252 000 avaient été déclarés. En conséquence, près de 120 000 euros de cotisations sociales auraient été éludés.
Le couple dépensait sans compter : caravanes neuves, véhicules haut de gamme, résidences dans les Deux-Sèvres et en Charente-Maritime, le tout soigneusement dissimulé derrière des prête-noms ou des montages opaques.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les enquêteurs ont également découvert une fraude massive à la CAF, estimée à 48 000 euros. En falsifiant leurs déclarations de revenus, les deux accusés auraient perçu à tort plusieurs allocations. Certains biens immobiliers et contrats d’assurance avaient été volontairement cachés aux organismes sociaux.
Un couple rattrapé par la justice
L’épouse, qui ne sait ni lire ni écrire, apparaissait pourtant comme propriétaire officielle d’un terrain et d’une maison, vraisemblablement pour couvrir les agissements de son mari. Ce dernier, considéré comme le cerveau de l’affaire, devra répondre de blanchiment et escroquerie aggravée.
Face à l’ampleur de la fraude, le parquet a requis des peines exemplaires :
12 mois de prison ferme et 12 mois avec sursis pour le mari ;
6 mois ferme et 6 mois avec sursis pour son épouse.
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Une autre affaire similaire jugée à Vannes a récemment abouti à des peines plus lourdes — 24 mois de prison pour l’homme, 18 pour la femme — confirmant une tendance inquiétante à la multiplication des fraudes sociales organisées.
Une affaire qui alimente le débat sur les aides publiques
Le verdict du tribunal de La Roche-sur-Yon est attendu dans deux mois. Mais cette affaire illustre un malaise croissant : celui d’un système social exploité par des fraudeurs, au détriment des contribuables et des bénéficiaires légitimes.