Une voix familière de l’émission « Les Grandes Gueules » pourrait bientôt se taire définitivement. En cause, des propos jugés provocateurs et choquants, qui ont conduit la Société des journalistes de RMC et BFM à réclamer officiellement son éviction.
Le ton est ferme, la position assumée : la Société des journalistes (SDJ) de RMC et BFM ne veut plus de Barbara Lefebvre à l’antenne. Dans un communiqué publié le 11 juin, le collectif de journalistes demande « expressément » son retrait définitif, arguant que les propos de la chroniqueuse nuisent gravement à l’image des rédactions et heurtent les principes fondamentaux du journalisme.
C’est une prise de position inédite et directe, rare dans le paysage médiatique. Barbara Lefebvre, enseignante, essayiste et intervenante régulière dans Les Grandes Gueules, est accusée de récidive verbale, avec des interventions considérées comme ouvertement partisanes et déplacées, notamment lors d’un gala de soutien à l’armée d’un pays étranger.
Un quiz macabre qui fait déborder le vase
Le point de rupture semble être une intervention datée du 27 mai, au cours d’un événement caritatif. Barbara Lefebvre y aurait animé un quiz macabre dans lequel il était demandé au public de deviner le nombre de morts civils dans un conflit armé en cours. Pour la SDJ, il ne s’agit plus d’une simple maladresse, mais d’un acte délibéré allant à l’encontre de la dignité humaine.
Ce comportement s’ajoute à des précédents déjà dénoncés par les syndicats, notamment en février, lorsque Barbara Lefebvre avait tenu des propos controversés lors d’une intervention télévisée sur i24 News. Elle y affirmait que la majorité des personnes enlevées dans un contexte de violences l’avaient été par des civils, une déclaration qui avait alors provoqué un tollé et valu une première suspension temporaire de l’antenne.
Une chroniqueuse sur la sellette malgré les précédents avertissements
Pour la SDJ, les avertissements n’ont pas été entendus. Le communiqué évoque un « mépris des mises en garde » de la part de la chroniqueuse, qui aurait ensuite revendiqué sa participation à un concert d’un chanteur accusé de propos haineux. Une attitude perçue comme provocatrice et incompatible avec les valeurs affichées des rédactions du groupe.
La SDJ affirme défendre la liberté d’expression, mais insiste sur les limites imposées par la loi : interdiction de diffuser des informations mensongères, de susciter la haine ou de faire l’apologie de la violence. Elle rappelle que les antennes de RMC et BFM ne peuvent servir de tribune à des messages ambigus ou clivants, même au nom du débat.
La direction appelée à trancher
Le sort de Barbara Lefebvre est désormais entre les mains des directions de RMC et BFM. Si la chroniqueuse n’a pas encore réagi publiquement à cette demande d’éviction, le sujet divise en interne. D’anciens épisodes similaires ont déjà agité Les Grandes Gueules, une émission où la parole libre côtoie souvent la provocation, mais jamais avec une demande aussi claire de mise à l’écart.
Ce nouvel épisode relance le débat sur la ligne éditoriale des talk-shows d’opinion, et sur le rôle des chaînes dans la régulation des propos tenus à l’antenne. La question reste entière : jusqu’où peut-on tolérer les écarts au nom du débat d’idées ?