Figure mythique de la chanson française, Claude François fascine autant qu’il interroge. Derrière les paillettes et les tubes inoubliables, l’homme s’est souvent vu accuser d’autoritarisme.
Aujourd’hui, son fils aîné, Claude François Jr., prend la parole pour nuancer cette image et livrer un souvenir bouleversant de tendresse, loin du tumulte des scènes et des studios. Depuis sa disparition tragique en 1978 à l’âge de 39 ans, Claude François continue de hanter la mémoire collective. Icône de la variété française, il a marqué les esprits par ses chansons, ses shows millimétrés, mais aussi par sa réputation de patron intraitable. Sylvie Mathurin, ancienne habilleuse, avait notamment témoigné de ses accès de colère, en publiant certaines notes de service sans équivoque : « Si je vois une chaussure où il manque une forme, je te tue et je te vide ! »
Des mots durs, révélateurs d’un perfectionnisme exacerbé et d’une peur constante de décevoir, dans un milieu où l’échec ne pardonne pas. Producteur, chanteur, patron de presse, manager… Cloclo cumulait les casquettes avec une exigence redoutable. Mais ce portrait impitoyable ne raconte pas toute l’histoire, selon Claude François Jr.
Un témoignage pour rétablir l’équilibre
Aujourd’hui dépositaire de l’héritage artistique de son père, Claude François Jr. a choisi de défendre une vision plus nuancée de l’homme derrière la légende. Dans une interview accordée à Télé-Loisirs, il affirme que si Claude François avait été aussi odieux que certains le disent, ses collaborateurs ne seraient pas restés à ses côtés.
“Tout le monde dit qu’il parlait mal, mais la troupe se réunit encore une fois par an. S’ils n’avaient que des mauvais souvenirs, ils ne se réuniraient pas”, martèle-t-il. Une manière de rappeler que l’attachement à l’homme, malgré ses emportements, n’a jamais faibli parmi ceux qui ont partagé son quotidien.
Un père pris dans le tourbillon de ses responsabilités
Claude François Jr. ne nie pas les tensions ni les coups de sang, mais les replace dans un contexte de pression permanente. “Quand tu gères 40 problèmes dans la journée et que tu as répété deux fois quelque chose sans être compris, tu pètes un câble”, explique-t-il, presque avec indulgence.
Pour lui, son père était avant tout un homme tiraillé, incapable de relâcher la pression, obsédé par la réussite, par peur de tout perdre. Derrière le tyran supposé se cachait un homme anxieux, surmené, incapable de déléguer, mais aussi profondément passionné et humain.
Une semaine en Finlande, loin de tout
Mais c’est un tout autre Claude François que son fils souhaite avant tout retenir : le père aimant, capable de lâcher prise, ne serait-ce qu’un instant. Lorsqu’on lui demande son plus beau souvenir, il évoque une semaine hors du temps passée en Finlande : “Où personne ne le connaît, où il a les cheveux décoiffés, où on va voir des matchs de foot, où on est à trois sur une barque à pêcher…”.
Des images simples, presque banales, mais infiniment précieuses, dans un quotidien trop souvent parasité par la célébrité. “Il est en sabots, avec un t-shirt”, ajoute Claude Jr., comme pour figer à jamais une version apaisée de ce père trop souvent pris dans la tourmente.
Un homme à mille à l’heure, mais profondément humain
Ce souvenir est d’autant plus précieux qu’il tranche avec le quotidien effréné qu’imposait la carrière de Cloclo. “Quand on le rejoignait sur les tournées, il y avait toujours un problème qui le rattrapait”, se souvient son fils. Ce n’est qu’avec le recul qu’il mesure l’ampleur de la charge mentale que son père portait. Aujourd’hui, il revendique une lecture plus humaine de cette figure complexe : à la fois tyrannique, vulnérable, passionnée, mais surtout profondément investie.