Figure incontournable du paysage audiovisuel français, Thierry Ardisson s’est éteint ce lundi 14 juillet 2025, à l’âge de 76 ans. Hospitalisé depuis plusieurs jours, il souffrait d’un cancer du foie.
Sa disparition marque la fin d’une époque où provocation, humour noir et impertinence télévisuelle se côtoyaient sans compromis. C’est Audrey Crespo-Mara, sa compagne depuis 2009, qui a confirmé la nouvelle via l’AFP en début de matinée. Le silence de la journaliste ces derniers jours, couplé à son absence remarquée du JT de TF1, avait nourri de nombreuses interrogations. Dès le 11 juillet, le retour soudain d’Anne-Claire Coudray à l’antenne, sans explication, avait renforcé les soupçons autour de l’état de santé de l’homme en noir.
Un animateur à contre-courant
Thierry Ardisson n’était pas seulement un présentateur ; il incarnait une télévision à la fois irrévérencieuse, intellectuelle et décalée. De Lunettes noires pour nuits blanches à Salut les Terriens !, il a laissé une empreinte indélébile sur plusieurs générations. Son style tranchant, sa voix grave, ses punchlines ciselées et son goût du politiquement incorrect l’ont souvent exposé à la critique… mais aussi à l’admiration.
Le doigt d’honneur à Squeezie : une polémique mémorable
L’un des épisodes les plus marquants de sa carrière récente reste l’interview de Squeezie, le 11 novembre 2017, sur C8. Loin de l’échange cordial attendu, Ardisson enchaîne les piques envers le jeune YouTubeur, alors star montante du numérique. « Un livre pour vos fans, c’est un tapis de souris, non ? », balance-t-il, provocateur. Squeezie garde son calme, mais les internautes, eux, s’enflamment, dénonçant un mépris évident pour la culture web.
Une réponse cinglante et assumée
Une semaine plus tard, dans Les Terriens du dimanche, Thierry Ardisson réplique à la polémique avec un doigt d’honneur devant les caméras. Une séquence volontairement évincée du montage par la chaîne, mais publiée par Jeremstar sur son blog. Face caméra, Ardisson lance : « Apparemment, personne n’a compris le deuxième degré. » Et conclut, majeur levé : « Moi, je ne me suis pas excusé. » Ce geste devenu culte incarne à lui seul le refus d’Ardisson de se plier aux codes de l’époque, quitte à choquer.
Une dernière ironie du calendrier
Né un 6 janvier – jour de l’Épiphanie – et fervent monarchiste autoproclamé, Thierry Ardisson est mort… un 14 juillet. Une ironie symbolique qui n’échappera à personne, tant elle résonne avec l’esprit frondeur et subversif de l’animateur. Celui qui aimait provoquer les puissants et défier les conventions aura, jusqu’à la fin, laissé une signature à sa manière : élégante, sombre et impertinente.