À Castelmayran, petite commune du Tarn-et-Garonne, les flammes qui ravageaient les talus et frôlaient les champs depuis deux étés avaient un visage insoupçonné.
Celui d’une femme de 76 ans, aujourd’hui placée en détention provisoire, accusée d’avoir sciemment déclenché une série d’incendies qui ont semé la peur et la stupeur parmi les habitants. C’est une arrestation aussi surprenante que déroutante qu’ont réalisée les gendarmes de Castelmayran samedi dernier. Loin des profils habituels liés aux incendies volontaires, c’est une femme âgée de 76 ans qui a été interpellée, après plusieurs semaines d’enquête minutieuse.
Les premiers soupçons portaient sur quatre départs de feu et une tentative recensés au cours de l’été 2025. Rapidement, des incohérences dans les déplacements, des témoignages, puis une perquisition ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu’à elle. Dans sa voiture, des briquets. À son domicile, des allume-feu parfaitement identiques à ceux retrouvés sur les lieux des sinistres.
Une méthode simple, mais redoutable
Le procureur de la République de Montauban, Bruno Sauvage, a révélé le mode opératoire utilisé : des allume-feu jetés sur des talus secs en bordure de champs. Une technique rudimentaire mais efficace, particulièrement dangereuse en période estivale, lorsque la végétation est aride et hautement inflammable.
Confrontée aux preuves, la mise en cause a reconnu être à l’origine de quatre feux récents, expliquant avoir agi par “frustration envers certaines personnes de la commune”. Un mobile personnel, flou et inquiet, dans une affaire où les conséquences auraient pu être bien plus dramatiques.
Une série bien plus vaste révélée
Mais l’enquête ne s’arrête pas là. En creusant davantage, les gendarmes ont relié neuf autres incendies déclenchés à l’été 2022 à Castelmayran, selon le même mode opératoire. Interrogée, la suspecte a reconnu être responsable de huit de ces feux supplémentaires.
En tout, ce sont donc douze départs de feu que la septuagénaire aurait provoqués sur le territoire de sa propre commune. Des actes qui ont mis en danger des habitations, des récoltes, et surtout la vie des riverains, des pompiers et des éventuels passants.
Un choc pour la commune
L’arrestation a provoqué une onde de choc dans cette petite commune rurale, où l’on peine à imaginer une figure a priori inoffensive se transformer en incendiaire. Ni son âge ni son profil ne laissaient présager de tels agissements.
Les motivations restent troubles. Frustration ? Isolement ? Ressentiment local ? Autant de pistes que la justice devra clarifier dans les prochaines étapes du dossier. Ce qui est certain, c’est que le caractère intentionnel est désormais reconnu, et les aveux de la prévenue confortent l’ampleur des faits.
Jugement imminent pour des actes graves
La septuagénaire a été placée en détention provisoire dans l’attente de sa comparution immédiate, prévue mardi. Elle devra répondre des faits de destruction de bien d’autrui par moyen dangereux pour les personnes, une infraction passible de lourdes peines.
Au-delà des dégâts matériels, c’est la menace directe pour la vie humaine qui alourdit le dossier. Dans un contexte de dérèglement climatique et de multiplication des feux en France, chaque départ de feu est traité avec une sévérité croissante par les autorités.
Une affaire hors-norme
Rarement une affaire d’incendies volontaires n’aura autant désarçonné par le profil de sa principale protagoniste. La justice devra déterminer s’il s’agit de pulsions isolées, d’un trouble plus profond ou d’une volonté calculée de nuire.