Il n’a jamais été du genre à se taire, mais cette fois, Stéphane Bern est allé encore plus loin. Dans un entretien accordé à Ouest-France, l’animateur préféré des amoureux d’histoire et de patrimoine a livré une série de confidences franches, voire piquantes, à l’égard du président de la République… et cela ne passe pas inaperçu.
Stéphane Bern n’a pas besoin de paillettes pour briller le 31 décembre. Aux manettes de La Grande Soirée du 31 de Paris pour la cinquième fois, il s’est glissé dans son rôle avec sérieux, pendant que tout le plateau faisait la fête. « Je vais réveillonner avec les Français, ceux qui sont seuls surtout », a-t-il déclaré, soulignant son attachement à la mission sociale du service public, plutôt qu’à l’ambiance festive qui l’entourait.
Son implication va bien au-delà de l’animation télévisée. Pour lui, cette soirée symbolise un lien républicain et affectif, qui dépasse les simples réjouissances. Il l’a confié sans détour : c’est une façon de faire son métier au service d’un collectif, loin des postures politiques ou des convenances protocolaires.
Une critique sans filtre du président Macron
Sans animosité mais avec franchise, Stéphane Bern a dressé un constat sévère de l’action d’Emmanuel Macron. “Je crains qu’il soit vraiment déconnecté”, affirme-t-il dans un passage particulièrement remarqué de l’interview. Ce n’est pas la première fois qu’il alerte sur la méconnaissance des réalités rurales par le pouvoir central. Loin de Paris, loin des palais, Bern défend une France des territoires, qu’il voit marginalisée par une gouvernance trop urbaine, trop technocratique.
Et il assume pleinement ce ton libre. “Je dis ce que je pense, et je ne pense pas toujours du bien de ceux qui nous gouvernent”, lâche-t-il. Une déclaration qui ne devrait pas manquer de faire grincer quelques dents dans les couloirs de l’Élysée. Pourtant, il le répète : il ne cherche pas à provoquer, seulement à être fidèle à ses convictions.
Brigitte Macron, une amitié d’avant
Stéphane Bern tient à lever toute ambiguïté sur ses relations avec le couple présidentiel. Si son amitié avec Brigitte Macron est réelle, elle est antérieure à l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. “C’est une amie d’avant”, insiste-t-il. Une manière de dire que cette relation n’a rien d’un calcul ou d’un intérêt de circonstance.
Quant au président, la distance est nette. “Il a toutes les raisons de m’en vouloir”, glisse-t-il, non sans ironie. Mais il s’en défend : il n’est proche d’aucun chef d’État, pas plus de Macron qu’il ne l’a été de Chirac, Sarkozy ou Hollande. “Je travaille pour la France”, conclut-il, avec une formule qui en dit long sur sa conception de l’engagement public : loyauté au pays, pas à un parti.
Une posture ancrée dans l’histoire
Ce franc-parler n’est pas une posture opportuniste. Il s’inscrit dans la continuité de son attachement à l’histoire, à la mémoire nationale, et à l’intérêt général. Stéphane Bern n’a jamais fait mystère de sa passion pour les grandes figures de la République et les bâtisseurs de patrimoine. Mais c’est avec la même passion qu’il critique aujourd’hui les dérives d’un pouvoir qu’il juge trop éloigné du peuple.
Ce refus de la langue de bois le distingue dans un paysage médiatique souvent aseptisé. À l’heure où beaucoup évitent de se mouiller, Stéphane Bern prend le risque de déplaire. Mais il le fait au nom d’une exigence de vérité, au nom d’un engagement culturel… et sans doute, aussi, au nom d’une certaine idée de la France.