Un sondage récemment publié par l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD révèle un clivage net dans l’opinion publique française : une large majorité de citoyens se prononce en faveur de l’interdiction des mariages entre Français et étrangers en situation irrégulière.
Ce résultat intervient dans un climat politique déjà tendu autour de la question migratoire. Selon les chiffres dévoilés ce vendredi 23 mai, 73 % des Français interrogés estiment qu’il faut interdire les unions entre citoyens français et étrangers sous OQTF (obligation de quitter le territoire français). Ce taux reste élevé, bien que légèrement en recul par rapport à un sondage réalisé en février dernier (75 %). Seuls 26 % s’y opposent, et 1 % ne se prononce pas.
Cette question a récemment refait surface dans le débat public, notamment suite à la décision de Marlène Mourier, maire de Bourg-lès-Valence, qui a refusé d’unir une Française et un Tunisien en situation irrégulière. Dans la foulée, quatre élus ont signé une tribune publiée par Le Figaro, appelant à une interdiction légale de ce type de mariage, relançant ainsi le débat sur la compatibilité entre lois républicaines et statut migratoire.
Des écarts selon l’âge, le genre et la catégorie sociale
L’analyse détaillée des résultats montre des disparités d’opinion selon les profils :
Les hommes (75 %) sont légèrement plus nombreux que les femmes (72 %) à soutenir cette interdiction.
Les plus de 65 ans y sont largement favorables (80 %), tout comme les 50 à 64 ans (78 %) et les 50 ans et plus (79 %).
Les moins de 35 ans restent plus divisés, avec 63 % de « oui » chez les 25-34 ans, ce qui reste une majorité, mais plus nuancée.
Sur le plan socio-économique, le soutien est également majoritaire :
78 % chez les inactifs, un chiffre plus élevé que chez les catégories actives.
71 % chez les CSP- et 69 % chez les CSP+, témoignant d’un soutien large mais légèrement plus mesuré chez les cadres et professions intellectuelles.
Un soutien très marqué à droite, plus mitigé à gauche
Comme souvent sur les questions migratoires, le clivage politique est net. Les résultats révèlent une adhésion massive des électeurs de droite :
95 % des sympathisants du Rassemblement national sont favorables à cette interdiction, tout comme
92 % des Républicains, et
73 % des partisans de la majorité présidentielle.
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À gauche, les positions sont plus contrastées :
57 % des électeurs EELV (écologistes) soutiennent l’interdiction, une courte majorité.
À l’inverse, le Parti socialiste affiche 57 % d’opinions défavorables, et
La France insoumise rejette majoritairement cette mesure à 61 %, marquant ainsi une opposition plus franche.
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Une opinion publique influencée par le contexte politique
Ce sondage s’inscrit dans un contexte de crispation croissante autour des politiques migratoires, avec des débats récurrents sur les OQTF, l’intégration, ou encore les régularisations. Le mariage, lorsqu’il implique une personne en situation irrégulière, est parfois perçu comme un « contournement » des règles migratoires, ce qui explique en partie l’hostilité majoritaire.
Toutefois, cette position soulève également des questions juridiques et éthiques importantes, notamment sur le droit fondamental au mariage, reconnu par la Convention européenne des droits de l’homme, y compris pour les personnes sans titre de séjour.