À Molenbeek, un échange houleux lors du dernier conseil communal a ravivé les tensions politiques autour de la diversité et du communautarisme. Les propos de l’élue socialiste Saliha Raïs, jugés provocateurs, ont enflammé le débat, illustrant les fractures idéologiques qui traversent la scène politique bruxelloise.
Lors de la séance du 27 août, Saliha Raïs, élue du parti socialiste Vooruit, a réagi aux nombreux commentaires hostiles, souvent teintés de racisme et visant son voile, relayés sur les réseaux sociaux du Mouvement Réformateur local. Exaspérée, elle a lancé à ses détracteurs : «Si à Molenbeek c’est si invivable, alors changez de bord, allez ailleurs», avant de conclure par un «Dégagez !» ironique. Une phrase qui a immédiatement déclenché un tollé.
La droite monte au créneau
La séquence a été reprise par plusieurs figures politiques de droite. Georges-Louis Bouchez, président fédéral du Mouvement Réformateur, a fustigé une gauche qui, selon lui, «dénature le vivre-ensemble». Sur Facebook, sa publication a généré plus de 2 500 réactions et 2 600 commentaires, signe d’un débat particulièrement sensible. La députée nationaliste Daria Safai (N-VA) est allée plus loin en dénonçant le port du voile comme porteur d’idéologie et incompatible avec la neutralité de l’État. Pour elle, «le communautarisme doit cesser», et l’identité belge doit primer.
Des propos racistes en toile de fond
Quelques instants avant l’intervention de Saliha Raïs, Josiane Dostie, élue du Parti du travail de Belgique (PTB), avait elle-même lu en séance des commentaires laissés sur la page Facebook du Mouvement Réformateur. Certains internautes y tournaient en dérision la forte présence musulmane dans la commune, comparant Molenbeek à un «bled» ou à un quartier d’Afrique du Nord. Elle appelait alors le responsable local du parti à modérer les propos haineux et stigmatisants.
Des accusations de repli communautaire
Interpellé, Didier Milis, représentant du MR local, s’est défendu en mettant en avant ses 25 années passées dans le quartier populaire des Marolles comme enseignant et directeur d’école. Tout en affirmant qu’il modérerait de tels propos s’il le pouvait, il a ensuite dénoncé sur sa propre page Facebook une majorité municipale qui, selon lui, réduit la diversité à «une seule communauté». Il accuse la gauche de favoriser un communautarisme contraire au vivre-ensemble.
Une commune au cœur des tensions identitaires
Ces échanges mettent en lumière un climat politique particulièrement tendu à Molenbeek, commune symbolique des débats sur l’immigration et l’intégration. Les accusations de racisme, la défense du voile, et les critiques sur le communautarisme cristallisent des clivages idéologiques profonds. Dans ce contexte, chaque déclaration prend une dimension nationale, dépassant largement le cadre local du conseil communal.