La douleur d’une mère ne s’efface jamais, surtout lorsqu’elle perd son unique enfant. Sheila, icône de la chanson française, a traversé ce drame intime loin des projecteurs, préférant le silence à l’exposition.
Pourtant, à l’aube de ses 80 ans, elle livre une parole rare et bouleversante sur la perte de son fils Ludovic. Le 8 juillet 2017, la vie de Sheila bascule à jamais. Son fils Ludovic Chancel, fruit de son amour passé avec le chanteur Ringo, meurt des suites d’une overdose. Depuis cette date tragique, la chanteuse a choisi de garder cette douleur loin de l’espace médiatique, comme pour en préserver l’intimité. « Je n’en parle pas parce que je trouve que ça t’appartient », confie-t-elle aujourd’hui au micro d’Europe 1, dans un échange sincère avec Didier Barbelivien. Même si son métier l’expose, elle revendique son droit au silence sur ce chagrin immense.
« The show must go on » : le mantra d’une survivante
Face à l’inconcevable, Sheila n’a jamais cessé de monter sur scène. Fidèle à la devise « The show must go on », elle s’est accrochée à sa vie d’artiste comme à une bouée de sauvetage. « Quoi qu’il me soit arrivé dans ma vie, j’ai toujours fait mon spectacle », affirme-t-elle avec détermination. Loin d’être un masque, cette ténacité reflète une profonde nécessité : celle de continuer à exister malgré la peine.
La force du public comme refuge vital
L’amour de ses fans, Sheila le considère comme un rempart. Un soutien discret mais essentiel. Elle le dit avec une lucidité touchante : « Quand il nous arrive quelque chose d’insupportable, d’insurmontable, le fait d’avoir un public, c’est ce qui nous tient ». Loin d’un simple engouement passager, elle parle d’un lien vrai, puissant, presque charnel, qui l’aide à tenir debout chaque jour. « Ce n’est pas superficiel », insiste-t-elle. Cet amour du public est devenu son ancrage dans le tumulte.
Un refus du repli, une volonté de vivre
Au moment du décès de Ludovic, Sheila travaillait sur un spectacle avec le musicien Éric Azhar. Lorsqu’il lui propose de mettre le projet en pause, elle s’y oppose fermement. « Si tu veux que je meure, oui, on arrête tout. Si tu veux que je continue à vivre, on ne s’arrête pas », tranche-t-elle. Une réponse viscérale, presque instinctive, qui révèle l’urgence de ne pas sombrer. Accusée d’insensibilité à l’époque, elle clarifie aujourd’hui : « C’est faux. » Son courage, elle l’a puisé dans la scène, non pour fuir, mais pour rester vivante.
Au-delà des projecteurs et des applaudissements, Sheila trouve aussi un apaisement dans sa spiritualité. Croyante en la réincarnation, elle évoque avec pudeur sa conviction que Ludovic est toujours là, quelque part, à ses côtés. « Ce qui m’a sauvée, c’est que je crois en la réincarnation. Je sais que Ludo est là et qu’il nous écoute », confie-t-elle. Cette certitude l’aide à composer avec l’absence, à ne pas céder au désespoir. Dans un monde où les réponses manquent, sa foi est un fil qui relie encore la mère à son fils.