Une nouvelle déclaration controversée de Sandrine Rousseau enflamme le débat autour de l’agriculture et de l’écologie.
Ses mots crus sur la rentabilité des agriculteurs ravivent les tensions entre les défenseurs d’un modèle productiviste et ceux qui prônent un changement radical. Réactions indignées et soutiens nuancés se multiplient. Invitée par Le Média le 11 juillet, la députée écologiste Sandrine Rousseau a une nouvelle fois créé l’émoi avec une sortie pour le moins tranchée. Interrogée sur la loi Duplomb, relative à la réintroduction d’un pesticide controversé, elle a affirmé : « Je n’en ai rien à péter de leur rentabilité. » Une déclaration frontale, en réponse à l’argument souvent avancé selon lequel certains intrants chimiques seraient indispensables à la viabilité économique de certaines exploitations agricoles.
L’élue de Paris n’a pas tempéré ses propos : « La rentabilité de l’agriculture par des produits chimiques, au détriment des sols, de la biodiversité, de notre santé, ce n’est pas de la rentabilité, c’est de l’argent sale. » En posant ce jugement abrupt, elle entend dénoncer un modèle agricole jugé destructeur, quitte à heurter ceux qui y travaillent.
L’indignation du monde agricole
La réaction ne s’est pas fait attendre. Sur le plateau des Grandes Gueules, Didier Giraud, éleveur de bovins et intervenant régulier de l’émission, s’est dit profondément blessé. « Cette dame se permet de juger comment est fait mon revenu, moi qui me lève à 6 heures du matin 365 jours par an », a-t-il lancé avec émotion, dénonçant des propos déconnectés de la réalité du terrain.
Plus encore que l’insulte ressentie, c’est la mise en cause morale du travail des agriculteurs qui fait mal, selon lui. Entendre que le fruit de leur labeur serait « sale » revient, pour nombre d’agriculteurs, à une forme de mépris : « À force de traiter d’empoisonneurs les agriculteurs, il n’y en aura plus dans ce pays », a-t-il averti.
Une posture polémique, mais pas inédite
Les mots de Sandrine Rousseau, bien qu’explosifs, ne surprennent plus vraiment ses adversaires. Didier Giraud souligne que « Madame Rousseau est coutumière du fait. Elle est toujours dans l’outrance, dans la pierre toujours jetée plus loin. » Une manière de dire que la stratégie de l’élue consiste autant à provoquer qu’à alerter.
Dans un paysage politique souvent aseptisé, Rousseau s’est imposée par ses prises de position sans filtre, quitte à se retrouver régulièrement au cœur de tempêtes médiatiques. Si certains voient dans ses méthodes une manière salutaire de faire avancer les débats, d’autres y voient une posture contre-productive et clivante.
Un soutien écologiste mesuré
À contre-courant de l’indignation, Flora Ghebali, activiste et chroniqueuse des Grandes Gueules, a pris la défense de l’élue écologiste. « De l’argent fait sur le cancer des enfants et des adultes, c’est de l’argent sale », a-t-elle déclaré pour expliciter les propos de Rousseau. Selon elle, la députée n’a jamais dit que les agriculteurs ne devaient pas s’en sortir, mais a plutôt remis en question les méthodes employées pour y parvenir.
« Elle a dit que ce n’était pas la bonne méthode », a conclu Ghebali, pointant du doigt l’usage de produits chimiques dans l’agriculture intensive, qui, selon plusieurs études, peuvent avoir des conséquences sanitaires et environnementales graves.
La fracture entre deux visions de l’agriculture
Au fond, ce débat met en lumière un clivage profond entre deux modèles agricoles. D’un côté, une agriculture intensive et mécanisée, qui revendique sa nécessité économique et sa productivité. De l’autre, un modèle agroécologique, plus respectueux de la nature, mais parfois plus contraignant sur le plan économique à court terme.
Sandrine Rousseau, fidèle à sa ligne écologiste radicale, entend faire passer le message que la transformation du système agricole est une urgence sanitaire et écologique. Ses détracteurs, eux, dénoncent une stigmatisation dangereuse de ceux qui nourrissent la population, souvent au prix de lourds sacrifices personnels.
Un débat qui ne fait que commencer
Si les mots de la députée ont choqué, ils soulèvent néanmoins des questions essentielles sur l’avenir de l’agriculture française, sur le rapport entre rentabilité et durabilité, et sur la reconnaissance du travail des agriculteurs. Le choc des valeurs est réel, et il est peu probable qu’il s’apaise de sitôt.
Entre indignation sincère et volonté de provocation assumée, les propos de Sandrine Rousseau auront au moins eu le mérite de replacer le débat agricole au centre de l’actualité politique et sociale de cet été.