Un courrier crucial arrive dans les boîtes aux lettres de nombreux retraités : il émane de leur banque et pourrait bien conditionner le maintien de leur pension. Face aux fraudes et aux pertes financières, l’État et les caisses de retraite ont décidé de renforcer leurs contrôles, quitte à suspendre certains versements.
Le gouvernement, déjà fragilisé par une crise politique et économique persistante, cherche à réduire les dépenses publiques. Le budget 2026, porté par Sébastien Lecornu avant sa démission, prévoyait près de 20 milliards d’euros d’économies. Une somme colossale que l’exécutif compte en partie récupérer en resserrant les dispositifs de contrôle et en supprimant certaines aides. Parmi les pistes évoquées figurent la réduction d’avantages fiscaux pour les seniors, la fin de certains abattements… ou même la suspension de pensions versées à tort.
Un contrôle inédit des retraités vivant à l’étranger
Le régime complémentaire Agirc-Arrco, qui verse des pensions à près de 14 millions de personnes, est particulièrement concerné. L’organisme fait face à une hausse inquiétante de fraudes, notamment de pensions maintenues après le décès du bénéficiaire à l’étranger. Dans plusieurs cas relevés par la Cour des comptes, les proches continuaient à percevoir indûment les versements, notamment dans certains pays d’Afrique du Nord où la présence administrative française est limitée. Pour enrayer ces pratiques, un dispositif de vérification inédit a été instauré : les retraités concernés recevront une convocation de leur banque locale.
Des contrôles bancaires obligatoires
Ce nouveau système s’étendra sur une période de six ans et concernera environ 400 000 personnes vivant hors du territoire français. Les banques partenaires auront pour mission d’envoyer un courrier invitant chaque retraité à confirmer son identité et sa présence effective dans le pays. Ces contrôles remplacent les simples certificats de vie, jugés trop faciles à contourner. Ne pas répondre à cette convocation dans le délai imparti entraînera la suspension automatique de la pension, le temps de vérification. En cas d’absence prolongée de réponse, le versement pourra être définitivement interrompu.
Des résultats déjà significatifs
Les premiers essais de ce dispositif montrent des résultats surprenants. Environ 40 % des retraités contactés ne répondent pas à la première convocation, et malgré les relances, près d’un quart perdent finalement leur pension. Pour les caisses de retraite, cela prouve l’efficacité du système et permet d’économiser plusieurs millions d’euros chaque année. Selon l’Agirc-Arrco, ces vérifications ne visent pas à pénaliser les retraités honnêtes, mais à garantir une meilleure transparence et une équité entre tous les bénéficiaires.