Le suspense aura été de courte durée. En direct sur TF1, le 13 mai dernier, Emmanuel Macron a tranché sans ambiguïté : il n’y aura pas de référendum sur la réforme des retraites.
Une décision qui vient doucher les espoirs des opposants, tout en relançant les tensions sur un sujet qui continue de diviser la société française. Face à la question directe de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, le chef de l’État a répondu avec fermeté : « La réponse est non sur les retraites. » Pour Emmanuel Macron, le débat est clos. La réforme, portée sans vote à l’Assemblée grâce au 49.3, a déjà été actée et mise en œuvre, et il est désormais hors de question de revenir en arrière. En invoquant un « trou budgétaire de dix milliards d’euros par an » en cas d’annulation, le président s’appuie sur un argument purement financier pour justifier son intransigeance.
« Ce n’est pas une décision prise de gaieté de cœur », a-t-il affirmé, mais un choix présenté comme inévitable pour garantir la survie du système par répartition. Cette posture, qui mêle rigueur budgétaire et logique de responsabilité, s’inscrit dans la continuité d’un discours présidentiel souvent centré sur la stabilité économique comme pilier des réformes sociales.
Le refus du référendum : une gifle pour les syndicats
Cette réponse cinglante sonne comme une fin de non-recevoir pour les syndicats, qui espéraient encore pouvoir faire entendre la voix des Français par le biais d’une consultation populaire. Pour la CGT comme pour une large part des organisations syndicales, l’absence de référendum est perçue comme un déni de démocratie, d’autant plus mal vécu que la réforme a été imposée sans vote parlementaire.
La colère ne faiblit pas, et ce rejet catégorique risque de raviver un climat social déjà tendu. Du côté des militants, le référendum représentait une ultime chance de contester démocratiquement une réforme jugée injuste, brutale, et socialement déséquilibrée. Pour eux, l’absence de consultation renforce l’idée d’un pouvoir sourd aux revendications populaires.
Un dossier clos… mais d’autres en préparation
Si Emmanuel Macron ferme la porte à toute consultation sur les retraites, il entrouvre néanmoins celle d’autres référendums. Lors de son allocution, le président a évoqué plusieurs pistes qui pourraient faire l’objet d’une consultation populaire : la fin de vie, l’immigration ou encore des réformes institutionnelles. Il n’exclut pas l’idée d’organiser plusieurs référendums simultanés, afin d’associer les citoyens à des décisions jugées « importantes pour l’avenir du pays ».
Ces annonces laissent entrevoir une volonté de réintroduire ponctuellement la parole populaire, mais sur des sujets choisis par l’exécutif, et non sur les réformes déjà actées. Une stratégie de canalisation de la participation citoyenne, sans remettre en cause les fondements d’un quinquennat centré sur la verticalité du pouvoir.
Une fracture démocratique persistante
Au fond, le refus du référendum sur les retraites ne marque pas seulement la fin d’un espoir syndical, il révèle aussi une fracture démocratique persistante entre le pouvoir et une partie des citoyens. Emmanuel Macron, fidèle à sa ligne, gouverne en technocrate, convaincu que la raison économique prime sur le consensus social.
Mais à force de multiplier les décisions sans consultation, le risque d’alimenter un ressentiment durable grandit, tout comme la défiance vis-à-vis des institutions. Si d’autres référendums sont proposés, ils devront convaincre qu’ils ne sont pas de simples opérations d’image.