Alors que Rachida Dati tente de s’imposer comme une figure incontournable du gouvernement, une série de révélations fragilise sa position. Accusations financières, soupçons d’omissions et patrimoine sous surveillance : la ministre de la Culture se retrouve dans une tourmente aux multiples facettes.
Selon une enquête de Libération, Rachida Dati aurait omis de déclarer 19 pièces de joaillerie d’une valeur de 420 000 euros, acquises depuis 2017. Ces révélations tombent au pire moment pour la ministre, déjà sous pression médiatique après une passe d’armes tendue avec Patrick Cohen dans C à Vous. Ces bijoux, d’une valeur significative, n’auraient jamais été mentionnés dans ses déclarations officielles, une omission qui pourrait relever d’une infraction administrative, voire plus si elle était avérée.
Cette affaire fait écho à des signalements déposés auprès du parquet de Paris par des associations anticorruption. Ceux-ci visent non seulement Rachida Dati, mais aussi Éric Lombard, ministre de l’Économie, pour des soupçons de sous-évaluation de patrimoine. Tous deux nient catégoriquement, dénonçant des allégations infondées. Mais la répétition des accusations commence à fragiliser leur image, dans une période politiquement tendue pour l’exécutif.
Des revenus opaques : le précédent GDF Suez
En parallèle, une autre affaire trouble le passé de l’ancienne ministre de la Justice. D’après Complément d’enquête et Le Nouvel Observateur, elle aurait perçu près de 299 000 euros entre 2010 et 2011 de GDF Suez, tout en étant eurodéputée. Ces versements n’auraient pas été dûment déclarés, faisant naître des soupçons de conflit d’intérêts. Le cabinet de Dati réfute toute faute, affirmant qu’elle n’a jamais été l’avocate de GDF Suez. Mais ces explications ne suffisent pas à apaiser les critiques.
Le sénateur socialiste Rémi Féraud a d’ailleurs appelé le parquet à ouvrir une enquête préliminaire, évoquant de possibles « omissions de déclaration » et des « faux en écriture privée ». Le climat d’opacité autour des revenus de Dati alimente la suspicion, et réactive les critiques anciennes sur sa proximité avec certains grands groupes français.
Une figure politique façonnée dans l’adversité
Jason Mathurin revient, dans un portrait documenté, sur la trajectoire hors norme de Rachida Dati. Il évoque notamment un épisode fondateur : sa tentative d’approcher Albin Chalandon à la chancellerie, épisode où elle aurait failli être expulsée de façon humiliante. L’ancien ministre aurait finalement intercédé en sa faveur. Dati, d’origine algérienne, aurait vu dans ce geste un symbole fort, dans un univers politique qu’elle jugeait alors peu accueillant pour les personnes issues de l’immigration.
Ce sentiment de devoir se battre plus que les autres traverse tout son parcours. Elle a bâti sa carrière entre persévérance et stratégie, souvent confrontée au scepticisme, parfois à l’hostilité, y compris au sein de son propre camp. Mais cette résilience s’accompagne aujourd’hui d’une image brouillée, entre prestige politique et controverses récurrentes.
Vie privée : entre discrétion et protection
Rachida Dati a toujours refusé de médiatiser sa vie sentimentale. Dans un entretien à Gala, elle déclarait ne pas voir l’intérêt d’apparaître en couple. Selon elle, les femmes en politique sont jugées plus sévèrement que les hommes sur ce point : « Les hommes peuvent changer de compagne sans commentaires. Une femme, elle, est vite cataloguée. »
Ce besoin de discrétion est aussi une mesure de protection pour sa fille. Elle confie que l’exposition médiatique nuit à l’équilibre familial, notamment à cause des réseaux sociaux. « Elle préférerait que j’exerce une autre activité », avoue la ministre. Et d’ajouter que, parfois, malgré tous ses efforts, elle se sent impuissante face à la violence des attaques en ligne.
Une position fragilisée, mais pas abandonnée
Malgré les accusations, Rachida Dati n’a pas annoncé vouloir se retirer. Mais les signaux sont clairs : sa position devient de plus en plus inconfortable, et pourrait poser problème au sein même du gouvernement. À l’heure où l’exécutif cherche à incarner la transparence et la rigueur, cette accumulation de polémiques pourrait bien finir par coûter cher à la ministre.