Le calendrier judiciaire de Rachida Dati s’apprête à se préciser. L’ex-ministre de la Justice, aujourd’hui maire du VIIe arrondissement de Paris et soutenue par Les Républicains pour briguer la mairie de la capitale, connaîtra ce lundi les dates de son procès aux côtés de Carlos Ghosn.

Une étape décisive dans une affaire aux lourds enjeux politiques et judiciaires. Le tribunal correctionnel de Paris doit tenir une audience dite « de fixation » afin de déterminer les dates du procès. Rachida Dati, 59 ans, est poursuivie pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, ainsi que pour corruption et trafic d’influence passifs en tant qu’élue européenne. L’ex-patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, 71 ans, comparaîtra lui pour abus de pouvoir, abus de confiance, corruption et trafic d’influence actifs. Selon plusieurs sources, les audiences pourraient avoir lieu après les élections municipales de mars 2026, où Dati est en lice.
Les soupçons autour de contrats d’honoraires

L’affaire remonte à 2009, lorsque Rachida Dati, alors avocate et députée européenne, signe une convention d’honoraires avec RNBV, une filiale de l’alliance Renault-Nissan. Entre 2010 et 2012, elle aurait perçu près de 900 000 euros pour des prestations de conseil jugées opaques par les magistrats instructeurs. Ces derniers estiment que ses activités au Parlement européen relevaient davantage du lobbying, incompatible selon eux avec son mandat d’élue et sa profession d’avocate.
Des accusations fermement rejetées
L’ancienne garde des Sceaux nie toute malversation. Elle assure avoir accompli un véritable travail d’avocate et récuse l’idée d’avoir servi d’intermédiaire d’influence. « Vous pensez que Carlos Ghosn, président du plus grand groupe automobile mondial, avait besoin de moi ? », avait-elle rétorqué à l’annonce de son renvoi en correctionnelle. Elle rejette également les soupçons visant la non-déclaration de bijoux de luxe à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
Carlos Ghosn, un coaccusé hors du territoire français

Depuis sa fuite spectaculaire du Japon fin 2019, Carlos Ghosn vit au Liban, pays qui n’extrade pas ses ressortissants. Un mandat d’arrêt international a été émis à son encontre en avril 2023, mais il demeure à l’abri des autorités françaises et japonaises. Son implication dans le procès parisien reste donc symbolique, bien qu’elle renforce la dimension internationale du dossier.
Une affaire aux répercussions politiques
Cette procédure intervient alors que Rachida Dati se positionne en figure centrale de l’opposition parisienne. Son procès, s’il se tient en pleine campagne municipale, pourrait fragiliser sa crédibilité politique et nourrir ses adversaires. Inversement, ses soutiens y voient une instrumentalisation judiciaire susceptible de galvaniser ses électeurs. Dans tous les cas, l’affaire mêlant Dati et Ghosn s’annonce comme l’un des feuilletons politico-judiciaires les plus suivis des prochains mois.










