L’ambassadeur américain à Paris, Charles Kushner, s’est attiré les foudres du Quai d’Orsay après des propos jugés offensants envers Emmanuel Macron.
Accusant le président français de ne pas agir suffisamment contre l’antisémitisme, l’homme d’affaires devenu diplomate sera convoqué au ministère des Affaires étrangères ce lundi 25 août. Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron et obtenue par l’AFP, Charles Kushner, 71 ans, a fait part de sa « profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de [son] gouvernement pour le combattre ». Des propos alignés sur ceux du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, mais que Paris qualifie d’« inacceptables » et « réfute fermement ». Le Quai d’Orsay a immédiatement convoqué le représentant américain pour lui signifier un rappel à l’ordre.
Un ambassadeur controversé
Nommé en mai 2025, Charles Kushner ne dispose d’aucune expérience diplomatique. Homme d’affaires originaire du New Jersey, il a bâti sa fortune dans l’immobilier avec Kushner Companies, fondée en 1985. Mais sa notoriété s’explique aussi par ses liens familiaux : il est le père de Jared Kushner, mari d’Ivanka Trump et conseiller influent de l’ancien président américain. Son arrivée à Paris avait été approuvée de justesse par le Sénat américain, à majorité républicaine, par 51 voix contre 45.
Un passé judiciaire lourd
Le parcours de Charles Kushner est marqué par un scandale retentissant. En 2005, il avait plaidé coupable pour fraude fiscale, subornation de témoins et contributions illégales à des campagnes électorales, écopant de deux ans de prison, dont plus d’un purgé. L’affaire avait dévoilé des méthodes sordides : il avait fait filmer son beau-frère avec une prostituée pour faire pression sur sa sœur et entraver une enquête fédérale. « J’ai fait une très très très grave erreur, et j’ai payé un très lourd tribut », avait-il reconnu devant le Sénat lors de son audition.
De la disgrâce à la réhabilitation
Longtemps proche des démocrates, Kushner a su s’adapter à la nouvelle donne politique. En 2015, il avait fait un don de 100 000 dollars à la fondation Make America Great Again, marquant son rapprochement avec Donald Trump. Un choix payant : en décembre 2020, il a bénéficié d’une grâce présidentielle qui a effacé ses condamnations passées.
Un profil façonné par les affaires et la politique
La trajectoire de Kushner illustre l’imbrication des réseaux économiques et politiques américains. Sa société familiale, évaluée à 2,9 milliards de dollars en 2024 par Forbes, a vu sa valeur presque tripler depuis l’élection de Donald Trump. Devenu ambassadeur, il continue d’afficher une loyauté sans faille envers l’ancien président, qu’il décrit comme « un chef d’entreprise génial, un philanthrope et un négociateur hors pair ».