À l’approche de la fin de son mandat, Emmanuel Macron se retrouve confronté à un double vertige : celui du pouvoir qui s’effrite et celui de l’après, encore flou. En coulisses, les tensions s’accumulent à l’Élysée, entre réflexions stratégiques, isolement croissant et inquiétudes sur son avenir politique.
« Quelles sont mes options ? » aurait récemment confié Emmanuel Macron à son entourage, révélant une anxiété sourde face à la perspective du vide. Cette interrogation, rapportée par plusieurs sources concordantes, témoigne de la solitude qui gagne peu à peu le président. Réélu en 2022 mais privé de possibilité de briguer un troisième mandat, le chef de l’État voit l’horizon politique se rétrécir. À moins de deux ans de la présidentielle, la tentation de l’ombre le hante autant que la peur de l’inutilité.
Une majorité introuvable et un champ politique fracturé
L’échec à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée en 2022 continue de produire ses effets : instabilité parlementaire, blocages législatifs, et fatigue présidentielle. La dissolution surprise de juin 2024, décidée dans un climat de panique politique, n’a fait qu’accroître la tension au sein du pouvoir exécutif. Si certains voient dans ce coup de poker une manœuvre désespérée, d’autres y lisent la volonté de Macron de reprendre la main… ou de provoquer un électrochoc avant un éventuel départ anticipé.
Des tensions à l’Élysée : entre loyautés fissurées et stratégie floue
L’atmosphère à l’Élysée se serait considérablement alourdie ces dernières semaines, avec des désaccords internes de plus en plus visibles. Plusieurs proches du président, autrefois fidèles soutiens, auraient pris leurs distances ou exprimé leur désaccord quant à la ligne à suivre. À la fois trop centralisateur et trop hésitant, Emmanuel Macron oscille entre coups d’éclat et repli stratégique, laissant parfois son entourage dans l’incompréhension. Les choix à venir – remaniement, initiatives institutionnelles, repositionnement international – restent flous, accentuant le sentiment de flottement.
La peur d’un effacement programmé
En privé, Emmanuel Macron confierait son appréhension de devenir un « président décoratif », vidé de substance mais contraint par l’échéance constitutionnelle. Son besoin viscéral d’incarner, de convaincre, d’agir, entre en collision avec un mandat qui semble s’étioler. L’idée d’un retour sur la scène européenne ou internationale circule, mais rien n’est encore tracé. D’où cette angoisse grandissante de l’après : un chef d’État encore jeune, mais institutionnellement en bout de course.
Une solitude typique… mais renforcée par le contexte
Comme tous les présidents en fin de second mandat, Emmanuel Macron découvre l’usure du pouvoir, mais dans un contexte particulièrement rude. Crise de légitimité, montée des extrêmes, perte de relais au sein même de sa majorité : la fragilité du centre semble désormais structurelle. Les recompositions possibles autour de personnalités comme Édouard Philippe ou Gérald Darmanin alimentent également un climat de rivalité larvée. En interne, l’idée d’un « quinquennat pour rien » commence à circuler dans les couloirs, nourrissant rancœurs et frustrations.