De plus en plus de Français choisissent la Suisse pour travailler, attirés par des salaires compétitifs et un environnement professionnel avantageux.
Mais que se passe-t-il lorsqu’arrive l’âge de la retraite ? Comment la pension est-elle calculée, et surtout, peut-on la percevoir tout en résidant en France ? Voici un décryptage complet pour comprendre les règles du jeu. Le système de retraite helvétique repose sur une structure tripartite, conçue pour garantir aux retraités une sécurité financière équilibrée. Chaque pilier joue un rôle complémentaire, mêlant solidarité, capitalisation et initiative individuelle.
Le premier pilier, appelé AVS (Assurance Vieillesse et Survivants), est obligatoire pour tous les travailleurs et repose sur un principe de répartition. Il offre un revenu minimal garanti à la retraite. En 2025, la rente mensuelle varie de 1 260 à 2 520 francs suisses, soit environ 1 350 à 2 700 euros, selon les années de cotisation (jusqu’à 44 ans) et le revenu moyen.
Le deuxième pilier, la LPP (prévoyance professionnelle), complète l’AVS. Il s’adresse à tous les salariés gagnant plus de 22 000 CHF par an, et fonctionne par capitalisation. Chaque travailleur accumule des fonds sur un compte personnel, transformables en rente ou capital au moment du départ à la retraite. Son objectif est de préserver un niveau de vie comparable à celui de l’activité professionnelle.
Enfin, le troisième pilier, facultatif, constitue une épargne individuelle avantageuse sur le plan fiscal. Il permet d’anticiper les manques de revenus ou de financer des projets spécifiques.
Droits des Français ayant travaillé en Suisse
Un salarié français exerçant en Suisse cotise automatiquement aux deux premiers piliers. À l’heure de la retraite, la pension peut être versée directement sur un compte bancaire français. Toutefois, cette pension est imposable en France, comme le prévoit la législation fiscale.
Et si le salarié a également cotisé en France ? Grâce aux accords bilatéraux entre les deux pays, les périodes d’activité sont totalisées : chaque pays calcule sa part, et deux pensions distinctes sont versées, l’une par la CARSAT française, l’autre par la caisse de compensation suisse. Une seule demande de retraite auprès de la caisse française suffit pour enclencher les deux processus.
En matière de couverture santé, les retraités percevant également une pension française restent affiliés à la Sécurité sociale. En revanche, ceux ne touchant qu’une retraite suisse doivent choisir, dans les trois mois suivant leur départ, entre la CMU française et l’assurance maladie suisse (LAMal).
Des montants qui varient selon la carrière
La retraite suisse est souvent plus généreuse qu’en France, mais elle dépend de nombreux critères : durée de cotisation, niveau de salaire et rendement du 2ᵉ pilier.
En 2025, la rente AVS atteint un maximum de 2 520 CHF mensuels. À cela peut s’ajouter une retraite LPP estimée entre 1 500 et 2 000 CHF, voire plus selon les parcours. Ainsi, une pension totale entre 3 000 et 4 500 CHF est envisageable, soit entre 3 100 et 4 600 euros par mois, selon le taux de change.
Jean-Marc, 68 ans, résidant à Annecy, illustre ce cas : après 35 ans de carrière dans le canton de Vaud, il perçoit 3 300 CHF mensuels. « C’est plus qu’une carrière complète en France », confie-t-il, mais les impôts français grèvent une partie de cette somme.
Comment percevoir sa pension depuis la France ?
La procédure est encadrée et relativement fluide. Pour la retraite AVS, la demande s’effectue via la CARSAT, qui transmet à la caisse suisse. Le paiement se fait ensuite sur un compte français, mensuellement.
Concernant la retraite du 2ᵉ pilier, il faut contacter directement la caisse de pension suisse. Deux options s’offrent au retraité : percevoir une rente mensuelle ou demander le capital en une fois, selon les règles du fonds concerné.
Attention : les pensions suisses sont imposables en France et doivent figurer dans la déclaration annuelle de revenus. Côté santé, le droit d’option entre CMU et LAMal doit être exercé dans un délai précis après le départ en retraite.
Les erreurs à éviter pour une retraite sereine
Le principal écueil est de croire que tout se fait automatiquement. Il est impératif de déposer sa demande de retraite au moins six mois avant la date prévue, auprès de la CARSAT. Sans cette démarche, les paiements peuvent être retardés.
Autre point crucial : ne pas oublier de réclamer ses avoirs du 2ᵉ pilier. Plusieurs retraités négligent de contacter leurs anciennes caisses de pension, laissant des fonds inutilisés.
Enfin, le choix du régime de santé et la déclaration fiscale sont des aspects souvent mal anticipés. Il est essentiel de simuler ses pensions nettes, impôts inclus, pour éviter les déconvenues.
Pour sécuriser votre transition vers la retraite, voici quelques recommandations :
Anticipez vos démarches administratives
Recensez toutes vos caisses de pension LPP
Simulez vos revenus après prélèvements
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Une retraite transfrontalière avantageuse… si elle est bien préparée
Travailler en Suisse est souvent synonyme de meilleure rémunération, mais également d’opportunités de retraite plus avantageuses, à condition d’en comprendre les subtilités. Grâce à un système solide, des accords bilatéraux efficaces, et une fiscalité prévisible, les Français ayant exercé outre-frontière peuvent bénéficier d’une pension confortable tout en résidant en France.