Longtemps considéré comme l’un des orateurs les plus puissants et les plus stratèges de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon fait aujourd’hui face à une vague de rejet inédite.

Alors que son influence reste majeure, les derniers chiffres des sondages dessinent un paysage politique profondément bouleversé, où son image apparaît plus fragile que jamais. Triple candidat à l’Élysée, fondateur de La France insoumise et personnalité incontournable depuis deux décennies, Jean-Luc Mélenchon a longtemps incarné la principale force d’opposition à gauche, frôlant même le second tour en 2022 avec près de 22 % des voix. Pourtant, le nouveau baromètre Odoxa–Mascaret montre un renversement saisissant : le leader insoumis deviendrait aujourd’hui la figure politique la plus rejetée du pays, avec 66 % d’opinions négatives, un record rarement atteint depuis la création de ce baromètre.
Un duel largement défavorable avec Jordan Bardella

L’institut imagine un second tour organisé « le dimanche suivant », opposant Mélenchon à Jordan Bardella. Résultat : 74 % pour Bardella, 26 % pour Mélenchon, un écart que le tribun rejette catégoriquement, qualifiant la projection de « fumisterie ». Cette estimation s’appuie sur un échantillon réduit — seulement 689 répondants — ce qui alimente encore davantage les critiques du chef de file de LFI. Selon le sondage, Bardella caracolerait aussi en tête au premier tour avec 35 %, loin devant Mélenchon limité à 11 %.
Le baromètre du rejet : Mélenchon au sommet d’un classement explosif
Les chiffres placent Mélenchon en tête du « palmarès de la défiance », devant Emmanuel Macron (57 %), Rachida Dati (48 %), Marine Le Pen (47 %) ou Nicolas Sarkozy (46 %). La poussée du Rassemblement national et l’effondrement des repères politiques traditionnels renforcent encore cette polarisation, laissant Mélenchon comme l’un des symboles les plus clivants du moment.
Le leader insoumis dénonce la méthode des sondeurs

Mélenchon ne se contente pas de réfuter les chiffres : il critique frontalement la construction même de l’enquête, mettant en cause la taille des échantillons et la représentation jugée faible des électeurs certains d’aller voter. Il rappelle notamment qu’en 2022, il avait déjà obtenu 7,7 millions de voix, soit davantage que les 7,4 millions que lui attribue Odoxa pour 2027. Pour lui, la comparaison est incohérente et les projections trop fragiles pour refléter une dynamique politique réelle.
Une enquête qui consacre la domination de Jordan Bardella

Au-delà du cas Mélenchon, le rapport montre une tendance historique : Bardella remporterait tous les scénarios de second tour, quel que soit l’adversaire. Le président du RN survolerait le premier tour avec un score deux fois supérieur à celui de son poursuivant direct. Dans l’hypothèse d’une candidature Attal, Bardella monterait même à 36 %. L’institut parle d’une « victoire dans tous les scénarios », confirmant une hégémonie déjà visible lors des européennes de 2024.
Un climat politique profondément recomposé
Le sondage révèle d’autres enseignements lourds de sens. Emmanuel Macron reste massivement contesté, avec 57 % de rejet, malgré un léger regain de soutien. À l’inverse, le Premier ministre Sébastien Lecornu bénéficie d’un regard plus favorable, plafonnant à 32 % de rejet. Le centre et la gauche apparaissent éclatés, tandis que l’extrême droite occupe une place désormais décisive dans toutes les hypothèses électorales.










